Découverte - Pv Torben

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Depuis mon arrivée à Watson Lake, je n'avais rien fait. Bien sûr, j'avais aidé mon frère et sa femme pour tout placer dans la grande maison que nous habitons dorénavant. Je me sentais plus à l'aise au Canada, mais notre nouveau lieu de résidence était ici maintenant. Je n'avais pas eu le choix. J'avais dû suivre mon frère et me plier aux nouvelles exigences de son travail. Pourquoi avait-il accepté un emploi dans cette ville perdue? Aucune idée. Sans doute croyait-il que cela me ferait du bien de m'éloigner du Canada. Que restait-il dans cet endroit? Des bouts épars de notre vie, vie qui ne nous ressemblait plus désormais. Il n'y avait pourtant rien qui nous retenait au Canada. Nous n'avions pas de famille, personne. Alors, aussi bien recommencer ailleurs. Et puis, ce n'était pas comme si j'avais dû abandonner tout un tas d'amis. Je n'avais aucun ami. Ce n'était donc pas la tristesse qui m'envahissait à cet instant. Sans doute une certaine nostalgie d'avoir dû couper les ponts avec la seule chance que j'avais de découvrir enfin qui étaient mes parents et pourquoi avions-nous hérité d'une aussi grosse somme d'argent.

Regardant les murs de ma nouvelle chambre, peint en rose, je me dis que j'allais devoir en glisser deux mots à mon frère. Rose, j'avais tout de même passer l'âge d'avoir une chambre peinte en rose! Il faut croire que les gens du bureau de mon frère n'avait pas pensé à tout finalement. Je m'appliquais à défaire les boîtes une par une, essayant de tout ranger. L'envie n'y était pas, je le faisais comme une automate. Et puis, j'avais plutôt le goût d'aller me balader. Il y avait sans doute des trucs plus intéressant à faire ici que de ranger des vêtements dans une commode. Et si mon frère décidait qu'effectivement ma chambre aurait une nouvelle couleur, ça ne servait à rien de défaire toutes les boîtes. Il valait mieux que j'attende. Descendant au rez-de-chaussée, je remarquai Cassandre et David qui s'émerveillaient devant chacune des pièces. Cassandre indiquait à mon frère comment placer la table. Il me remarqua du coin de l'oeil et me fit signe de venir l'aider. Roulant les yeux vers le plafond, je me pliais finalement de bonne grâce à sa demande. Il me laisserait sans doute ensuite un petit moment de répit. Je n'osais pas encore aborder le sujet d'une future balade, il ne voudrait sans doute pas que je quitte la maison, mais j'avais besoin de prendre l'air. J'avais besoin de m'aérer les esprits, d'être seule.

"- Heum... David? Ça t'embête si je vais faire un tour? Pour voir ce qu'il y a aux alentours?

- Ça ne peut pas attendre Nyamh? J'aurais vraiment besoin de toi ici?

- S'il-te-plaît David. Je ne serai pas partie longtemps, j'ai juste envie d'aller faire un tour.

- D'accord! Au fait, je ne te l'ai pas dit, je voulais attendre un peu, mais j'espère que ça ne t'embêtera pas, j'ai voulu te faire une surprise, une sorte de cadeau de bienvenue."

Un cadeau? Bon d'accord. Ce n'était pas mon anniversaire, ni Noel, mais pourquoi pas. Après tout, c'était sans doute un petit truc pour que j'apprécie cet endroit tout autant que lui semblait l'apprécier. J'attendis donc qu'il sorte la boîte contenant mon cadeau au lieu de quoi il me tendit un trousseau de clés. Mon air ahuri dut en dire long, puisqu'il m'entraîna jusqu'au garage avec lui. Je vis d'abord la voiture de mon frère et remarquai une autre voiture stationnée parallèlement. C'était une Civic, de couleur bleu métallisé. Je restai un moment à la contempler, ne sachant pas quoi dire. D'ailleurs, pour me faire réagir, mon frère prit la parole avant moi.

"- Pas besoin de me remercier. Je n'ai pas l'intention de te conduire partout en ville lorsque tu auras besoin d'aller quelque part. Les transports en commun ne sont pas aussi développés ici qu'à Ottawa, c'est pourquoi j'ai cru bon de t'acheter une voiture pour que tu sois libre de tes mouvements.

- Merci David! "

Sautant au cou de mon frère, j'étais heureuse qu'il ait pensé à m'acheter une voiture. Parce que j'avoue m'être demandé à quelques reprises comment j'allais faire pour aller et venir à ma guise. Tout était si éloigné ici, je m'imaginais mal marcher des kilomètres pour aller à un endroit. Ouvrant la porte du garage, il me souhaita un bon moment de détente et me pria de ne pas rentrer trop tard. Ce que je lui promis. Je m'installai au volant de ma nouvelle voiture. Ça sentait le neuf. Il n'avait quand même pas payé pour une voiture neuve? Apparamment, si. Le malaise s'empara légèrement de moi. J'étais tout de même chanceuse d'avoir un grand frère aussi prévoyant que lui. Cependant, si je voulais être à même de retrouver mon chemin, je devrais m'équiper en conséquence. J'avais remarqué une petite station service non loin de notre demeure. Je devrais sans doute aller y faire un tour pour prendre une carte géographique de la région qui me serait, sans l'ombre d'un doute, très utile.

J'éteignis le moteur, me rappelant que j'avais oublié de prendre mon sac et de m'habiller convenablement pour faire une sortie à l'extérieur. Je retournais rapidement dans la maison, enfila un manteau chaud et imperméable, étant donné la pluie qui tombait finement, j'en aurais bien besoin et prit mon sac, contenant mon porte feuille. Je retournai au garage, saluant David et Cassandre et fit à nouveau démarrer le moteur. La station service se trouvait à gauche de ma nouvelle demeure. Je n'aurais qu'à emprunter l'étroit chemin pour m'y rendre. Je roulais lentement, ne voulant pas rater l'endroit convoité. Au bout d'une quinzaine de minutes, je l'aperçus. Je me garais près de la station et entrait dans ce qui faisait office de dépanneur. J'y trouverais sans doute tout ce dont j'avais besoin pour mon expédition. Je pris une carte géographique, deux bouteilles d'eau, payai le commis et remonta dans ma voiture. La fine pluie qui tombait ne s'était pas encore transformé en déluge et j'aurais sans doute le temps de me promener un peu avant que le ciel ne se décharge entièrement.

J'étudiais minutieusement la carte pour ne pas avoir à la sortir lorsque je serai en route. Ce n'était pas très facile de conduire et de chercher son chemin en même temps. Je remarquai un lac qui se trouvait à environ douze kilomètres de l'endroit ou j'étais. Pourquoi ne pas visiter ce lieu en premier? De toute façon, je n'avais aucun horaire précis, alors, aussi bien aller voir cet endroit en premier. Ce n'était pas trop loin, je pourrais m'y rendre rapidement. Repliant la carte, je la laissai sur le siège passager de ma voiture avec mon sac dans lequel j'avais mis les deux bouteilles d'eau. Faisant à nouveau démarrer le moteur, je m'engouffrais lentement sur la petite route sinueuse. Le paysage était absolument magnifique. Moi qui avais toujours aimé les espaces verts, je dois dire que j'étais servie! Il ne fallait toutefois pas se laisser leurrer par tant de verdure! Je m'efforçais de rester concentrée sur la route. Je n'avais pas envie de me perdre! Je savais qu'après trois kilomètres, je devrais prendre un petit embranchement qui me conduirait vers le lac Wye. Ne sachant pas s'il y aurait des pancartes pour m'indiquer le chemin, je préférai me fier à ma mémoire.

Au bout de dix kilomètres, je dûs arrêter la voiture. La végétation était si foisonnante à cet endroit que je n'aurais sans doute pas le choix de poursuivre la route à pied. Pas grave, j'avais tout ce qu'il me fallait avec moi. Je pris mon sac, laissant la carte sur le siège du côté passager. Je verrouillai les portes de ma voiture et plaça mon sac en badouillère. Je commençai alors à marcher. Le lac se trouvait droit devant moi, je n'aurais sans doute aucun mal à l'apercevoir. Il restait deux kilomètres à franchir, ce n'était pas si long. La végétation était dense, ce qui ne m'empêchait pas d'avancer. La capuche sur mon manteau sur la tête, je pouvais sentir les branches qui me fouettaient les jambes et les bras de part et d'autre. Alors que j'étais en train de me demander si je ne m'étais pas trompée de chemin, je vis s'étaler devant le lac Wye. Et je dois dire que le spectacle me ravissait et m'enchantait. Tout était si tranquille à cet endroit. Je regardai autour de moi, visiblement ravie du lieu que je venais de découvrir.

Ce lieu détonait avec ce que j'avais l'habitude de voir à Ottawa, mais devant la beauté des lieux, je ne pouvais qu'être émerveillée. Remarquant un gros rocher faisant face au lac, je décidai de m'y installer, espérant qu'il ne serait pas trop trempée par la fine couche de pluie qui ne cessait de tomber. La musique de l'eau qui tombait sur les feuilles étaient apaisantes et je me plaisais à regarder les alentours, me détendant enfin. J'avais été déracinée du monde auquel j'appartenais, mais peu importe, qui me remarquerait ici? Je ne serais qu'un autre visage anonyme dans une foule dense. J'aurais tout le temps de me fondre dans la masse de Watson Lake. Pour l'instant, je voulais juste profiter de la quiétude que m'offrait cet endroit ravissant et cesser, pour une fois, de penser à tout. En éternelle angoissée que j'étais, valait mieux pour une fois, que je laisse mon cerveau se reposer et que je cesse de me tourmenter avec des questions inutiles qui ne trouveraient plus leurs réponses ici.

Un grognement, sourd. La meute attaquait, fondait sur la masse de gibier qui s'était rassemblé dans la clairière. Un grand loup à l'aspect quelque peu élancé, la fourrure colorée de façon très claire, passa devant moi en montrant les crocs. Maïa venait de me faire passer un message; le cervidé qui venait de passer devant nous deux était pour elle. Il n'y avait pas à dire, ses talents de chasseresse s'étaient encore plus développés ces temps ci, maintenant qu'elle était délivrée des beaux yeux de Daniel. Finalement,; le fait que celui ci se soit trouvé une humaine n'était pas pour me déplaire; il n'y avait jamais eu autant de cohérence dans la meute pendant que nous chassions, vu que Dani n'avait plus à surveiller Maïa et que celle ci ne voyait plus son attention détournée par le beau chef de meute. Bon, il y avait bien quelques tensions, mais pas vraiment plus que d'habitude. C'était cependant plaisant de se rendre compte que l'on chassait de nouveau tous ensembles. M'avançant en courant et hurlant d'un long cris, je signifiais à la meute que je partais sur les traces des fuyards.

Je courrais aussi vite que je le pouvais, les oreilles rabattues sur le côté, la langue pendant entre mes crocs, signe de l'effort que je produisais. Mais je gagnais du terrain. Il n'y avait pas à dire, il n'y avait rien de plus rapide au monde qu'un loup garou. Je gagnais rapidement la distance qui m'éloignait du daim tandis que je continuais de courir, poursuivant sur ma lancée. Mais au moment où je me préparais à bondir sur ma proie, un grand loup, le poil long et poivre et sel sauta du boisson le plus proche. Ulric! Freinant ma course, je grognais. Deuxième fois qu''on me piquait ma proie pour la deuxième fois de la journée! Cependant, un grognement sortit de nouveau de ma bouche, signe que je riais, devant Ulric qui s'amusait comme un louveteau avec sa proie. Avec son poids, il empêchait le daim de lui échapper, mais il s'amusait à l'attaquer doucement. C'était un peu cruel, mais Ulric était complétement cinglé et ne se rendait pas compte de ce qu'il faisait. Je riais pour la simple et bonne raison que j'avais l'impression d'avoir un jeune frère sous les yeux, alors qu'il s'agissait en réalité de mon père adoptif...

Courant plus loin, je remarquais que le troupeau avait réchappé à notre poursuite en s'enfuyant vers les territoires vampires du nord ouest. Dommage, je n'avais rien eu aujourd'hui, et nul doute que Lidia ou Daniel allait me le rappeler incessamment sous peu. Une fois que je me retrouvais de nouveau seul dans la forêt, je restais immobile un long moment, sous ma forme de loup. Assis sur mon derrière, je regardais la vallée en contrebas de la pente. Watson lake était à au moins une dizaine de kilomètres, et nous avions tout de même de la chance de n'avoir croisé aucun chasseur, ni aucun vampire. Remarque, pour ces derniers, c'était eux qui avaient de la chance; une meute complète de garous transformés ne pouvait laisser aucune chance aux deux clans de vampires réunis dans la ville. Alors que je continuais de contempler la petite ville, j'entendis le bruissement des fougères derrière moi; la meute, repue, venait de me rejoindre. Calmés et sereins, nous nous retransformâmes en humains. La nudité était toujours un peu déplaisante, mais nous étions juste à côté des buissons d'épines où nous avions laissé nos sacs. Riant de la chasse, et sans un regard qui put offenser la pudeur des autres, nous prîmes nos affaires et les enfilèrent rapidement.

- Comment on les a eus cela, stupides animaux! S'en était même cruel, un tel massacre... On aurait plutôt dû se prendre un bon steak frites en ville!

- Cela nous permet de garder la forme, nous permet également de mieux agir en meute, et nous entraîne également à nous transformer avec toujours plus de facilités. C'était cruel, mais tu me remercieras quand on se retrouvera sous la forme d'humains face à tout un gang de vampires...

- Torben, t'as rien eu toi? On aurait dû t'en laisser un peu... Quoi que nan, la prochaine fois, cela t'inciteras peut être à nous étaler ta « supériorité en combat », comme tu nous le dis si souvent

Lidia savait désenclencher le début d'une dispute, même si elle devait le faire aux dépens de quelqu'un pour se faire. Ce n'était pas méchant et je ris, juste avant de sentir quelque chose, plus loin. Le vent nous apportait une drôle d'odeur, et toute la meute se mit à renifler. Un vampire? A cette distance, impossible de dire. Cela ne sentait pas vraiment mauvais, mais cela pouvait tout aussi bien être une humaine qui avait été témoin de la tuerie du gibier. Faisant un signe de tête à mes acolytes redevenus silencieux, je décidais de me mettre en route pour m'en rendre compte. Un signe de tête suffit à Daniel pour lui dire que je ne commettrais pas d'imprudences et que je ne tarderais pas trop! Courant aussi vite que je le pouvais, je slalommais entre les arbres et les buissons, me dépéchant d'arriver à destination. Cela venait du lac, j'en étais certain. Après un tas de minutes terriblement longues, j'arrivais à destination. Plus bas, au bord du lac, une jeune femme attendait sur un rocher. M'avançant, je lissais mes cheveux du plat de la main et vérifiais que je n'avais oublié aucun vêtement. Une fois avisé que tout était en place, je sortais de la pénombre de la forêt.

- Bonjour! Belle journée pour une balade n'est ce pas? Excusez moi si je vous ai fait peur, mais je n'ai pas pour habitude de croiser qui que ce soit quand je me promène ici... En général, celle vallée est tellement encaissée qu'il est impossible pour l'homme de l'atteindre dans un équipement adéquat... Chagrin d'amour ou sensation de solitude dans la petite ville du coin?

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Tout était si calme, si tranquille. Rien ici n'éveillait la crainte. L'endroit était parfait. Fermant les yeux un moment, je pouvais entendre la brise légère qui faisait bruisser les feuilles, le clapotis tranquille de l'eau. Parfait! tout était parfait! Cet endroit semblait isolé du reste du monde, comme si l'humain n'avait pas osé prendre ses droits ici. Un endroit tel que celui-ci était impensable à Ottawa. Chaque centimètre carré de la ville était occupé par un édifice. Il y avait bien quelques parcs ici et là, mais rien qui ne ressemblait à ce lieu. Je me laissai rapidement gagner par la quiétude de l'endroit. David avait eu raison d'accepter cette promotion finalement. Je ne regrettai pas trop son choix. De toute façon, n'ayant aucune attache à Ottawa, je n'avais pas laissé toute une horde d'amis pleurnichant sur mon départ. C'était ce qu'il y avait de bien à ne connaître personne. Personne ne me manquait. J'avais avec moi la personne qui était la plus importante à mes yeux : mon frère.

Avec les années, Cassandre avait réussi à se tailler une place, mais jamais elle n'arriverait à être l'équivalent de mon frère. Il était unique, il était ma famille, ma seule famille. La pluie tombait doucement, laissant des taches plus sombres sur mon jeans et glissant sur mon manteau. Il faisait frais, mais je ne m'en souciais pas. J'étais trop bien, je me sentais à l'abri dans cette bulle de verdure, comme si ce lieu n'avait attendu que moi pendant toutes ces années. C'était toutefois impensable. Plein de randonneurs devaient venir admirer la beauté que recelait ce territoire. Toutefois, il était si éloigné de la civilisation que je me demandais si effectivement les gens du coin prenaient le temps de venir s'asseoir pour contempler le spectacle qui s'offrait à eux. Ils étaient sans doute habitués à ce genre de paysage et ne devaient plus y prêter attention. Seulement une étrangère telle que moi devait prendre plaisir à observer ce que la nature avait à lui offrir. Cependant, mon questionnement ne tarda pas à trouver une réponse.

Sursautant, je glissai de la roche sur laquelle je m'étais assise pour me retrouver sur le sol en un rien de temps. Je n'avais pourtant pas entendu de bruit derrière moi. Sans doute n'avais-je porté aucune attention à ce qui m'entourait, trop concentrée sur le paysage. Je me relevai rapidement, secouant mon jeans et replaçant mon manteau correctement. Rougissant, je levai les yeux en direction de la voix. Un jeune homme se tenait non loin de moi. Mon coeur battait à tout rompre dans ma poitrine. Je n'étais donc pas la seule à me balader dans ces lieux. Je devrais sans doute être plus attentive à l'avenir pour éviter ce genre de surprises. J'avais bien failli me rompre le cou en tombant de cette roche! Je n'avais toutefois pas remarqué, dans ma hâte de me relever, que mon jeans s'était déchiré au niveau de mon genou droit et qu'un mince filet de sang commençait lentement à s'écouler, tachant mon jeans.

"Heum... bonjour! Oui, belle journée pour une balade! Disons que... j'avais envie de visiter un peu le coin... c'est très beau ici... à ce que je vois, je ne suis pas la seule à apprécier cet endroit..."

Je continuais de secouer mes jeans, mais dus rapidement me rendre à l'évidence : les taches vertes ne quitteraient pas le tissus simplement parce que je les secouais. Bah, pas grave, je n'aurais qu'à laver mon jeans en entrant à la maison. Cassandre se ferait d'ailleurs sans doute un plaisir de le laver. Elle prenait tellement plaisir à faire le lavage et à pratiquer son rôle de future mère avec moi! Ne portant plus attention à mon jeans, je reportai mon attention sur le jeune homme.

"Je m'appelle Nyamh Hansen... j'espère que je ne suis pas sur une propriété privée..."

Cette interrogation s'imposa à moi. Peut-être me trouvais-je dans un endroit auquel je n'aurais pas dû avoir accès. Pourtant, j'avais bien l'impression de me trouver au lac Wye. C'était du moins ce qu'avait indiqué la carte géographique... que j'avais laissé dans ma voiture! Heureusement, j'avais dans mon sac les deux bouteilles d'eau que j'avais acheté au dépanneur avant de me rendre ici. Si j'étais incapable de retrouver mon chemin pour me rendre à ma voiture, je pourrais tout de même me rafraîchir. J'étais pourtant certaine d'avoir emprunté le petit chemin derrière ce petit bosquet. Quoique, c'était peut-être celui de droite. Je n'en étais plus certaine. Au pire, je n'aurais qu'à demander mon chemin au jeune homme qui était devant moi. Il semblait bien connaître le coin. Dans ce qu'il avait dit, cela ne semblait pas être la première fois qu'il se baladait dans ce lieu.

"Ben... je viens d'arriver... et j'avais envie de visiter un peu le coin..."

Encore une fois, j'évitai de m'étendre sur les détails. C'était inutile et comme j'évitais toujours soigneusement les conversations, parce que les conversations menaient aux amitiés, je coupai court à ce que j'avais à dire. C'était toujours comme ça, ça avait toujours été comme ça. J'avais toutefois promis à David d'essayer de me faire des amis ici, mais je pressentais que ce ne serait pas aisé, n'ayant aucune aptitude en la matière.

[HJ: Excuses moi pour le retard]

Il fallait que je me rende compte si on avait été ou non surpris avec le reste du clan pendant notre chasse, c'était quelque chose de vital pour notre survie à tous. Si les vampires étaient aussi prospères en temps qu'espèce, c'était grâce aux lois qu'avaient édicté leurs dirigeants, un clan encore plus grand que les autres. Ils étaient tous aussi dangereux, vils et cruels, mais il fallait au moins leur reconnaître une chose; ils savaient rester discrets! Et pour nous, enfants de la lune, la discrétion était désormais notre seule façon de nous en sortir. D'après ce que nous en sachions, nous pouvions tout aussi bien être les derniers représentants de notre espèce. Les vampires nous avaient massacré dans notre quasi-intégralité. Pourchassés par les sbires des Volturi qui croyaient nous avoir exterminés, il n'y avait qu'en adoptant un profil bas que nous supposions pouvoir nous en sortir. A l'occasion, nous pouvions tout à fait massacrer quelques nocturnes rouges, et Ulric avait raison; si nous voulions sauver notre espèce et continuer notre tâche d'aider l'humanité, nous n'avions pas le choix; il allait bien nous falloir un jour nous reproduire entre nous. Mais en ce moment même, j'étais plutôt loin de toutes ces sombres pensées, m'approchant de la source de l'odeur ressentie.

Une fois arrivé à destination, j'avais pu me rendre compte qu'il s'agissait en fait d'une simple humaine, du moins à première vue. Elle ne sentait pas la maladie et la mort comme les vampires, et elle n'avait pas l'odeur caractéristique d'un autre enfant de la lune. En même temps, cela aurait été pour le moins étonnant de se retrouver dans le trou du cul du monde pour tomber nez à nez avec un autre survivant du génocide. De l'endroit où je me trouvais, je voyais simplement une humaine, et je venais de l'interpeller. Au moins, elle ne semblait pas être accompagnée et n'avait pas non plus l'air d'avoir pu voir ou entendre notre chasse plus haut dans la forêt. Bien entendu, il fallait que j'en sois certain avant de m'éloigner et de rejoindre les autres, mais comme à mon habitude, j'aimais rester en contact avec les humains. Mais la jeune femme sursauta zet manqua de se casser la figure, s'ouvrant au passage le jean et la peau en dessous. Elle avait du avoir mal, pourtant elle n'en montra aucune gêne.

Un petit sourire s'étira sur mon visage tandis que je me rendais compte qu'un vampire aurait eu du mal à supporter la vue. Hésitante, la jeune femme me dit qu'il s'agissait d'une belle journée et qu'elle voulait visiter le coin. J'en déduisais donc qu'elle n'était pas originaire de la petite bourgade située à quelques kilomètres, car tous les jeunes du coin avaient, du moins je le pensais, l'occasion d'avoir visité au moins une fois dans leur vie les environs immédiates de leur communauté. Il était vrai que le coin était très sympathique, d'autant plus que le temps se prêtait totalement à ce genre de petite escapade. J'aurais croisé cette jeune femme dans une rue, et je ne me serais jamais douté qu'elle soit du genre à faire une promenade en solitaire dans un endroit aussi dangereux. Elle avait tout l'air d'être une jeune femme ordinaire, mais je connaissais bien peu de personnes qui se seraient promenées seules dans un coin où pullulaient les bêtes, les dangers de toute sorte, sans compter les récents meurtres...

- Non effectivement, c'est un joli coin, encore totalement sauvage et c'est un des rares territoires encore vierge. Je m'étonne simplement que par les temps qui courent, une jeune femme prenne le risque de se déplacer seule... Ours et pumas sont légions ici, sans compter les récents meurtres perpétrés dans le secteur. Pauvres types, ils voulaient juste se promener!

La jeune inconnue se présenta alors sous le nom de Nyamh Hansen, et qu'elle espérait qu'elle n'était pas sur une propriété privée. Un nom plutôt commun sur ce continent, mais un prénom dont je n'arrivais pas à trouver l'origine. Peut être l'Asie? Aucun moyen de le savoir, je n'étais jamais allé jusqu'en Asie. Qui sait, peut être qu'un jour mes pérégrinations me mèneront à explorer ce continent également! Après tout, nous n'étions pas totalement maîtres de notre destin, et on ne peut jamais savoir ce qu'il nous réserve...

- Oh, pas que je sache! Ce coin appartient simplement à personne, et à tout le monde! Heureux de te rencontrer Nyamh, j'm'apelle Torben Valler.

Toujours cette manie dont je n'arrivais pas à me dépétrer... Mon véritable nom de famille, du moins celui que mes parents adoptifs m'avaient donné, était Delinger. Mais depuis que je faisais partie du clan des Valler, j'avais adopté à mon tour ce nom, je l'avais revêtu comme une nouvelle identité, que je m'étais appropriée. La jeune femme me dit alors qu'elle venait d'arriver ici et qu'elle voulait visiter le coin, confirmant ainsi mes soupçons. Je ne pouvais pas prétendre n'avoir pas eu moi même la même envie, mais j'étais plus guidé par la nécéssité qu'autre chose...

- Ah d'accord, je vois! Eh bien, je viens d'arriver récemment aussi. Je connais quelques coins agréables si ça te dis, même si on ne peut pas dire que je sois un expert en la matière... Mais tu es venue comment jusqu'ici?