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| Obligation - PV Jefferson | |
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Invité Invité
| Sujet: Obligation - PV Jefferson Sam 28 Mar - 19:11 | |
| L'installation était presque terminée à la maison. David avait d'ailleurs accepté de repeindre ma chambre! Heureusement! Je ne me voyais nullement m'installer dans une chambre aux murs roses! J'avais tout de même mes limites et il n'était pas question que j'endure cette couleur encore plus longtemps. Le rose me donnait envie de vomir. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. Un psychologue aurait sans doute dit que ça avait un lien quelconque avec ce qui m'était arrivé dans le passé. Mon passé était si flou que c'était impossible d'y retrouver quoique ce soit. Avais-je vraiment envie de savoir de toute façon? Je ne crois pas. Du moins, je croyais ne plus avoir les moyens de poursuivre mes recherches ici. Mes parents avaient vécu au Canada. Et ici, je n'avais plus accès à une banque de données qui aurait pu m'être nécessaire pour mes recherches. Je devais me résigner et tirer un trait, du moins pour l'instant, sur les recherches que j'avais commencées. Ce n'était que partie remise, du moins, c'était ce que je voulais me faire croire.
Fouillant dans les boîtes qui traînaient ici et là dans ma chambre, je finis par trouver ce que je cherchais : une paire de jeans et un chandail. Ce serait suffisant pour la journée. Le lycée ne commencerait pas encore avant trois jours, j'avais donc du temps devant moi pour flâner un peu. N'entendant aucun bruit dans la maison, je me dis que David et Cassandre devaient avoir quitté les lieux. Un peu de tranquilité ne me ferait aucun tort. C'était mieux comme ça. Je n'avais pas envie de faire semblant d'être sociable et d'alimenter la conversation. Très peu pour moi. J'évitais Cassandre le plus souvent possible. Elle ne cessait de me casser les oreilles avec son bébé, je n'avais pas envie d'en entendre parler. À croire qu'il n'y avait que ça d'important dans tout l'univers! La grosseur de son ventre! Et je n'étais pas d'humeur pour ça ce matin. Je me rendis à la salle de bain attenante à ma chambre. C'était au moins un point positif : mon frère et Cassandre avaient leur salle de bain privé, j'avais la mienne aussi.
Je restai un moment sous la douche, profitant de l'eau chande pour me détendre complètement. Je n'avais pas encore réussi à évacuer tout ce que j'avais vécu ces dernières années. Qui aurait pu? Les mauvais traitements infligés étaient encore douloureux dans ma mémoire. Je me réveillai parfois la nuit en proie à des cauchemars, mais le temps finirait bien par effacer ce que le passé avait laissé. Du moins, c'était la pensée réconfortante que j'avais chaque fois que je passais une nuit agitée. Respirant profondément, je dus me résoudre à sortir de la douche. Je ne pouvais y passer la journée quand même! Je m'habillai rapidement, enfilant les vêtements que je m'étais choisi pour la journée et descendis à la cuisine. Le calme plat. Un petit mot avait été laissé sur la table à mon intention. David et Cassandre étaient partis pour la journée. Ils avaient des courses à faire, mon frère devait passer à son nouveau bureau et ils devaient aussi aller rencontrer le nouveau de Cassandre. Tout un planning! Je me réjouissais à l'avance d'être assez vieille pour pouvoir rester toute seule à la maison! Une dernière phrase attira mon attention. Mon frère me demandait d'aller en ville pour lui. Il avait laissé une énorme enveloppe sur le comptoir et il me demandait d'aller la porter à un certain Jefferson Ness. L'adresse suivait et le chemin pour m'y rendre aussi. Décidément, il avait choisi de m'organiser ma journée aussi! Bah, ça me donnerait un bon prétexte pour aller faire un tour en ville!
Il n'avait pourtant pas de nouvelles causes. Pourquoi voulait-il que j'aille porter ces documents à cet homme? Et qui était-il? Un client? Un associé? Aucune idée, il n'y avait mention nul part du titre de ce fameux Jefferson Ness. Tant pis. Reposant l'enveloppe sur le comptoir, j'entrepris de me faire à déjeuner. Un déjeuner très simple : des céréales! C'était facile, pratique et rapide. Je n'avais pas envie de cuisiner ce matin, n'étant pas d'humeur. C'était toujours comme ça quand je n'avais pas assez dormi : j'étais d'humeur maussade. Pensant au lycée qui commençait dans trois jours, cela acheva de m'enlever tout appétit. Je n'avais pas envie d'aller au lycée. C'était trop tôt. J'avais plutôt envie de me balader encore un peu, de visiter le coin. C'était pas nécessaire que je me présente à ce lycée! Il serait bondé de gamins de mon âge qui n'aurait rien d'autre à dire et rien d'autre à faire que de m'observer. Je les laisserais aller à leurs commérages inutiles et tout finirait par rentrer dans l'ordre. Ils finiraient par m'ignorer et je pourrais poursuivre ma petite vie tranquille à l'abri des questions indiscrètes. Et c'était ce que je souhaitais.
Je mis la vaiselle utilisée dans le lave-vaiselle et me préparai pour faire mon tour en ville. Je pris au passage mon manteau, enfilais mes espadrilles et pris mon sac avant de me rendre au garage. Je m'installai au volant de ma Civic hatchback fis démarrer le moteur lorsque je me rendis compte que j'avais oublié d'appuyer sur le bouton pour ouvrir la porte. Je coupai le moteur, allai appuyer sur le bouton et remontai dans ma voiture. Profitant de cet instant pour mémoriser le chemin, je fis à nouveau tourner le moteur lorsque la porte se fut complètement ouverte. La journée était de nouveau pluvieuse, à croire que c'était la seule température possible dans ce trou perdu. Il pleuvait plus abondamment que la dernière fois que j'avais fait un tour à l'extérieur. Ça ne me rendait pas nerveuse de conduire sous la pluie, mais ici, étant donné que je ne connaissais pas encore le coin à la perfection, j'aurais préféré éviter de sortir. Pourtant, mon frère m'obligeait à sortir, j'allais donc me rendre utile.
Tournant le coin, j'empruntai la seule route disponible pour me rendre en ville. Ce ne devait pas être compliqué. J'empruntai le même chemin qu'on avait pris pour se rendre jusqu'ici la première fois. Je reconnaissais le paysage. Quoique, je pouvais bien me tromper, tout me semblait pareil ici. De la verdure, de la verdure et encore de la verdure! Je devrais me rappeler de ne jamais porter de vert lorsque j'irais me balader en forêt. Sinon, on pourrait bien me prendre pour un arbre! Les tons de vert s'estompaient peu à peu, laissant place à un autre type de faune que je connaissais bien : la faune urbaine. Du moins, ce n'était pas comparable à ce que j'avais déjà connu. Cela ressemblait plutôt à ce qu'on voyait dans les films des années cinquante. C'était ça ici la conception qu'ils avaient de la ville? J'avais l'impression de me retrouver à des années lumières de ma vie de citadine. Retrouvant le papier laissé par mon frère, je me mis en quête de cette adresse. Ça ne devait pas être très loin. Scrutant une à une les numéros des portes, je m'arrêtai bientôt devant une porte qui avait ce numéro. Je me garai non loin de l'entrée. Je pris l'enveloppe au passage et sortis de ma voiture.
Arrivée devant la porte, je fus stupéfaite un moment. L'enseigne indiquait bien le nom que j'avais sur l'enveloppe, mais je remarquai une inscription plus petite sous le nom : procureur. Pourquoi mon frère m'envoyait-il chez un procureur? L'idée me parut étrange, si bien que je ne compris pas la requête de mon frère. Habituellement, il rencontrait le procureur en cour, pourquoi étais-je mêlée à ses affaires? Je n'en avais aucune idée. Décidément, rien ne se faisait comme à Ottawa ici! Je poussai la porte et entrai. L'endroit avait tout d'un bureau de procureur. Du moins, comme je l'imaginais. Procureur? Ouais, bon. J'avais juste à déposer l'enveloppe et partir. Pourtant, il ne semblait y avoir personne ici. Je regardai autour de moi, tout semblait silencieux. Je n'avais pas envie de m'attarder plus qu'il ne le fallait. Je me risquai tout de même à parler, peut-être y avait-il quelqu'un.
"Bonjour... je... je viens porter des documents pour un monsieur qui s'appelle... Jefferson Ness... Il y a quelqu'un?"
Ma voix me parut étrange, légèrement nerveuse. Je n'étais pas habituée au monde auquel mon frère appartenait et cet endroit austère me filait la chair de poule. Sans que je puisse l'expliquer toutefois. Encore une fois, j'entendais la voix d'un psychologue inventé dans ma tête qui me dirait que tout ceci était sans doute relié à un événement marquant de mon passé. Haussant les épaules, je regardai tout simplement autour de moi pour tenter d'évacuer la tension qu'évoquait en moi ce lieu. Il n'y avait aucune raison pour que je sois nerveuse. Après tout, c'était la première fois que je mettais les pieds dans un bureau de procureur! Je n'avais aucune raison d'être inquiète. |
| | | Jefferson Ness
Innocente et fragile proie
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Mémoire Age: 24 Espèce: Insouciant ignorant Je t'aime, un peu, beaucoup...:
| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Dim 29 Mar - 2:42 | |
| Une semaine auparavant...
- Deux nouveaux messages. Message un: - Jefferson, c'est ton père mais je pense que tu m'auras reconnu. Je me demande où tu es à cette heure puisque tu devrais être au bureau. Enfin on ne change pas les vieilles habitudes et la ponctualité n'est comme toujours pas du tout ton fort. Enfin je te téléphonais pour une nouvelle assez importante pour toi. J'en ai longuement parlé avec ton supérieur et il a su se montrer particulièrement convaincant je dois dire. J'étais particulièrement réticent quand à ce qu'il voulait faire, mais il m'a convaincu, donc mon très cher fils, tu quittes l'office de Whitehorse. Aujourd'hui même. Tu rentres à Watson Lake où tu trouveras dans ta boite au lettre une enveloppe. Des clefs et un plan pour arriver dans ce qui sera désormais ton nouveau bureau. C'est motivé par les crimes qui se sont passés dans la forêt alentour que j'ai décidé d'ouvrir cet office à Watson Lake. Tu en es à la fois le Procureur, mais aussi le directeur, tu seras prié de te trouver un partenaire. Un avocat, un juriste, un procureur, un jeune, un vieux, une femme, un homme, c'est à ton choix. Bon courage à toi, tu as la semaine pour t'occuper des locaux, fais les travaux qu'il faudra! Bonne chance fils.
- Message deux: - Hey Jefferson, c'est Max, tu te souviens encore de moi? Tu sais ton ancien supérieur. En tout cas, monsieur le procureur en chef, toutes mes plus sincères félicitations pour ta promotion. Je suppose qu'avoir un père patron d'une chaine de bureau de juriste doit aider, mais ne doutes pas de tes capacités! Tu la mérites cette promotion, tu as prouvé que tu étais un excellent juriste et un procureur de qualité. Enfin essayes quand même de pas oublier que ta période hooligan est finie et tâche de ne pas te prendre pour un dictateur au tête de ton équipe. Enfin ton duo. Ca va donner. Te connaissant tu vas prendre un juriste pas si ancien, ça va être Starsky et Hutch. Bref je suppose qu'il y aura du dégât à prévoir, j'espère que ton père a une bonne assurance. Enfin je voulais t'inviter à la maison histoire de boire une petite coupe pour fêter cette promotion. Puis ça te permettrait de rencontrer enfin ma petite famille que tu as dû voir trois fois en l'espace de trois années. Tu vas nous manquer, ça va être le bordel pour te remplacer. Bon allez ton arrogance doit être assez alimenté pour ce message. Rappelles-moi quand tu veux, et félicitations mon grand!
Où j'étais à l'heure où mon père laissait le message sur mon répondeur? Tout simplement sur la route entre Watson Lake et Whitehorse puisque une fois de plus j'étais en retard. Mieux valait comptabiliser les jours où j'étais à l'heure que ce où j'étais en retard sur la calendrier puisque de toutes évidences, je n'étais à l'heure que pour me présenter aux procès. Et encore j'avais souvent quelque minutes de faire, une façon de procéder que d'être en retard devant les jurés. Pas par rapport à eux, mais par rapport à l'autre avocat. En réalité être légèrement en retard intriguait l'autre, le faisait se poser des questions. Ca le perturbait de son but premier. Le client comme très souvent l'avocat, resté parfaitement sûr de soi est un art que peu de personne connait. Alors j'étais en retard comme d'habitude et les deux messages étaient déjà sur le répondeur de mon studio à Whitehorse lorsque rapidement j'y passais pour récupérer une chemise et une cravate. Comme à l'accoutumée j'écoutais mes messages qui m'avaient été laissés, habituellement pendant le week-end. Je m'étais attendu à pas mal de choses sur ce répondeur, mais une telle nouvelle, voilà qui était d'autant plus surprenant et enthousiasmant. Un grand sourire était né sur mon visage à l'audition du second message. En faites je m'étais plus demandé si le premier était véridique où pas, mais le fait que mon supérieur et ami m'en parle par la suite me prouvait la véracité des dits de mon père. Je prenais donc de l'importance dans mon métier. J'évoluais, tant dans mon métier que dans ma façon de voir me relation avec mon père. Semblait-il que mon géniteur ait un regain de confiance en moi car telle hypothèse était difficilement envisageable il y avait encore quelques années. Et j'étais seul responsable de ce malaise entre lui et moi.
Le trajet retour avait été sans la moindre embuche si ce n'était qu'il semblait devenir urgent que de terminer de retaper ma vieille Dodge Charger qui semblait avoir de plus en plus de mal. Pas que le moteur soit en mauvais état bien au contraire, mais l'aspect extérieur de la voiture était plus que pitoyable. J'avais commencé par refaire le principal, la motorisation et tout ce qui pouvait en découler. Seulement faute de temps, je n'avais pas encore touché aux cicatrices que portaient la voiture. Aucune ne m'était dû, j'avais récupéré la voiture dans un état pitoyable pour presque rien, mais je ne regrettais pas de l'avoir reprise. Il me suffisait désormais de m'occuper des quelque enfoncements, de changer presque l'intégralité des feux et les bas de caisse. Finalement je ferais surement mieux d'acheter une nouvelle voiture, mais j'aimais trop cette voiture. C'était peut-être idiot, mais c'était un rêve d'enfant qu'un muscle américain. Certains collectionnaient les conquêtes, d'autres les villas dans divers coin du monde, certains voulaient des choses plus petites. Je rêvais de refaire des muscles américains, mais uniquement des modèles du passé.
Aujourd'hui...
Je me réveillais ce matin sans aucun problème, le bureau où j'allais désormais officier ne tarderait pas à ouvrir. J'avais fais le principal des travaux, refaire l'intérieur, acheter du mobilier et un peu de décoration. J'avais engager des peintres en bâtiment pour l'extérieur du bâtiment et ils avaient fais un travail fantastique. Je n'avais pas à râler, les locaux étaient bien et pouvaient presque déjà ouvrir. Il ne me manquait plus que la partie aménagement du bureau qui servirait à la personne travaillait avec moi. Le mobilier n'avait pas encore été choisis, il serait à la libre appréciation de la personne, mais il fallait déjà s'occuper de la tapisserie du bureau en question. Ainsi d'ailleurs que le sol, ça avait été le vrai enfer ces sols, tous étaient de moquettes, il avait fallu changer cela également. La moquette étaient bien sympathique, mais demeurait fort peu pratique à laver. Il avait donc fallu faire enlever le tout pour se décider pour autre chose. Autre choses qui se voulut être du carrelage tout simplement. J'avais un moment hésité avec le parquet, mais finalement le carrelage semblait une idée bien meilleure.
Je me levais tranquillement pour attaquer cette journée, pensant un peu aux lieux où je travaillais et qui m'attendait. Comme à mon habitude, je me contentais d'un simple café rapide avant de me rendre au travail. Enfin au travail, j'allais simplement à l'office pour vérifier le courrier, le reste de ma journée était libre. Il me restait encore cinq jours puisque l'office n'ouvrirait pas un samedi et que donc je gagnais deux jours sur le créneau de la semaine que j'avais pour m'occuper des locaux. J'avais pu gardé les tapisseries sauf dans les deux bureaux qui avaient une tête assez hideuse. Je démarrais ma voiture pour me rendre dans le fracas du moteur hurlant des muscles américains vers mon nouveau lieu de travail. J'étais sur place en l'espace d'une dizaine de minutes. Voilà qui n'augurait rien de bon, je n'aurais plus d'excuses pour être en retard.
J'arrivais devant l'office dont la porte n'était pas fermée à clef?! Voilà qui était étrange, j'avais souvenir d'avoir fermé à clef quoi qu'un doute me prenait. J'enlevais ma veste pour la laisser sur le pas de la porte, entrant en jean T-shirt, tenu parfaite s'il fallait se battre. J'entrais non sans une pointe de discretion pour voir une jeune femme qui d'une voix hésitante expliquait avoir des papiers pour moi. D'une voix sympathique je répondais dans le dos de la demoiselle:
- C'est moi-même. Le bureau n'est pas encore ouvert, la grande et vraie ouverture à lieu lundi. Vous avez des documents pour moi? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Dim 29 Mar - 3:10 | |
| Cette atmosphère était plutôt angoissante. Pourquoi? Je n'aurais su le dire avec précision. Personne ne semblait occuper les lieux, ce qui me rendait d'autant plus méfiante. Pourtant, mon frère ne m'aurait pas donné une mauvaise adresse juste pour le plaisir de me faire une blague! Non, ce n'était pas son genre. Et il savait combien j'avais horreur de me retrouver seule dans certains endroits. Encore, sans doute, un traumatisme de mon enfance! Quoiqu'il en soit, je ne m'aventurais pas très loin. Je regardais à gauche et à droite, essayant de voir ce que ce bureau contenait en réalité. Il était vide de toute vie, ça, c'était plutôt clair. Cependant, quelqu'un devait bien être présent ici! David m'entendrait parler en revenant! Pourquoi m'avait-il fait un pareil coup? Haussant les épaules, j'allais tout simplement poser l'enveloppe sur le coin d'un bureau lorsqu'une voix masculine derrière moi me fit sursauter. Me retournant brusquement, je toisais celui qui venait de faire une apparition impromptue derrière moi. Mon regard se fit interrogateur. Il était celui à qui je devais donner l'enveloppe? D'accord, je ne connaissais pas grand chose du monde des juristes. Mais il n'avait pas l'air d'un procureur. Son visage était plutôt jeune, son habillement ne correspondait pas du tout, bref, il n'avait pas l'allure d'un procureur. Plutôt d'un gars qui vient refaire une beauté à ce lieu. Un jeans et un t-shirt? Je m'étais plutôt attendue au truc du genre habit-cravate. Il faut dire que j'étais légèrement désarçonnée par sa tenue vestimentaire. Je m'approchai lentement de lui pour lui tendre l'enveloppe. Mon frère avait vraiment de drôles de connaissances dans le monde des avocats. Je n'étais pas à même de juger de la situation puisque je n'avais pas d'amis. Il m'était difficile de me lier aux autres, sans doute parce que je n'en avais tout simplement pas envie. Disons que ça aussi, c'était autre chose qui était relié à mon passé. Secouant la tête, je me ressaisie pour faire face à celui qui correspondait au prénom de Jefferson. "C'est mon frère qui vous envoie ces papiers. David Hansen." Je me crus quand même obligée de donner un minimum d'explications. Après tout, peut-être n'était-il même pas au courant que David lui envoyait ces papiers. Ce dont je doutais fort. Si David m'envoyait ici, c'était parce qu'il avait de bonnes raisons. Il savait que je n'aimais pas fraterniser avec les autres et que je préférais me perdre dans un lieu discret plutôt que de faire face à la civilisation. Cependant, le Jefferson en question était plutôt mignon. *Arrêtes de rêver ma vieille! Il est beaucoup trop vieux pour toi!* Secouant de nouveau la tête, je dus faire preuve d'une grande volonté pour reprendre le contrôle. Les sentiments, c'était vraiment bête. Et puis, ça servait à quoi? À voir la relation entre mon frère et sa chère Cassandre, je ne pouvais qu'être heureuse que pareil fléau ne me soit pas encore tombé dessus! Mon frère disait toujours que ça finirait par arriver, mais je préférais que le moment soit le plus possible. J'avais pas besoin de m'encombrer de personne. Du moins, c'était ce que je préférais croire. Ma mission était maintenant accomplie, je pouvais respirer en paix. Je ressentais toujours cette vague angoisse qui me tiraillait. Étrange comme sensation. J'avais pourtant déjà visité le bureau de David sans ressentir la moindre angoisse. Bof, c'était sans doute dû au fait que les lieux semblaient vides au départ. Haussant les épaules, je me dis que j'aurais tout le loisir d'y repenser plus tard, lorsque je serais seule. "Je ne sais pas ce que l'enveloppe contient, on m'a juste chargé de la livraison." Voilà, tout était expliqué maintenant. Je pourrais rentrer tranquille chez moi et flâner, profiter de la maison qui était vide en ce moment. Je n'étais pas très loquace, c'était sans nul doute une de mes faiblesses. À quoi bon m'éterniser? Un jeune homme de son âge n'aurait sans doute aucune envie de s'encombrer d'une gamine. Mais une minute, pourquoi je pense à ça? Me giflant intérieurement, je préférais donner une pause à mon cerveau pour cesser de déblatérer des hypothèses plus stupides les unes que les autres. Après tout, je ne le connaissais pas, il ne me connaissait pas et valait mieux en rester ainsi. Point. J'étais plutôt convaincante quand je le voulais. Cela finit même par me convaincre moi-même. Vraiment, j'étais plutôt douée. Ou complètement stupide. J'optais en ce moment pour le complètement stupide. Les mots de David refirent surface dans ma tête. Il m'avait dit souhaiter que les choses seraient différentes pour moi, ici. Que j'arriverais enfin à me faire des amis. C'était facile à dire, mais à faire, c'était une toute autre histoire! Bon, même s'il n'approuverait pas mon choix, parce qu'apparamment Jefferson semblait plus vieux que moi, pourquoi ne pas tenter le coup? "Heum... j'suis la p'tite soeur de David, Nyamh. Ravie de vous rencontrer monsieur Ness." Monsieur? Beurk. C'était sans doute ce qui convenait le mieux dans la circonstance. Du moins, j'osais l'espérer. Et le vouvoiement, ouais. Disons que j'avais pas trouvé mieux à cet instant. Et puis, c'était pas d'usage quand les gens à qui on s'adressait étaient plus vieux que nous? C'était du moins ce que j'avais appris. |
| | | Jefferson Ness
Innocente et fragile proie
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Mémoire Age: 24 Espèce: Insouciant ignorant Je t'aime, un peu, beaucoup...:
| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Dim 29 Mar - 8:58 | |
| Des nouveaux locaux, une nouvelle fonction, des responsabilités flambantes neuves. Le rêve de toutes une vie, si mon rêve avait été d'évoluer dans ma carrière de juriste ce qui en l'occurrence n'avait jamais vraiment été le cas. Je me plaisais bien dans mon rôle simple et agréable de procureur-troufion qui accomplissait ses tâches sans avoir une équipe à gérer. La gestion de personnel devait être un cours sur lequel j'avais fais l'impasse, ou qui n'avait pas eu lieu, mais je n'en avais aucun souvenir et je ne me pensais pas vraiment apte à le faire. Quoi que j'avais été à la tête d'une bande de hooligans ce qui devait être en soi plus compliqué que de gérer un juriste. Le juriste au moins ne prendrait pas une bouteille de bière pour tenter de me frapper, les risques au moins étaient bien plus limités que d'être chef de hooligans. En tous les cas, Max avait eu raison sur au moins un point, si je devais former un duo, aucun doute que je choisisse un jeune prometteur dans ma tranche d'âge ce qui surement donnerait une alliance digne de Brett Sinclair et Danny Wilde ou un explosif cocktail Riggs/Murtaugh. A voir, mais ça allait assurément promettre de bons moments.
Si pour le moment déjà je pouvais récupérer les locaux où nous allions oeuvrer. Des locaux flambants neufs, mais d'ores et déjà victime d'un voleur? Si le voleur était encore présent, nul doute qu'il puisse gouter de mes années hooligan, mais pourquoi serait-il encore là? Il m'aurait attendu histoire de se pavaner? J'en doutais, si je devais faire un braquage j'aurais disparu avant l'arrivée de la moindre autorité ou de la moindre personne. Je n'aurais pas non plus essayer de voler quelque chose dans un bureau de juriste pas encore ouvert puisque de toutes façons il n'y avait pour le moment encore absolument rien de valeur dans les locaux. Donc le voleur devait être peu loquace et pouvait être encore présent. Sauf si le voleur en question ne ressemblait en rien à un voleur, mais semblait plutôt une jeune femme perdue dans ces locaux déserts. Ma voix la fit sursauter, mais finalement la jeune femme se retourna pour me faire face. Après m'avoir toisé du regard, certainement ne s'attendant pas à voir un procureur en jean T-shirt avec des Converse aux pieds, mais je ne travaillais pas. Je me contentais d'un sourire pour la jeune femme alors qu'elle s'approchait de moi pour me tendre une enveloppe, me donnant des explications sur l'origine de celle-ci. Prenant l'enveloppe:
- Je vous remercie mademoiselle, c'est gentil de votre part de faire la course pour votre frère.
Je prenais le temps d'observer un peu la demoiselle, sans pour autant la reluquer ou attarder mon regard sur elle, je me contentais d'un regard accompagné d'un sourire de sympathie. Rien n'empêchait d'être gentil, surtout avec une demoiselle qui semblait un peu perdue dans ce milieu. En plus de ça, elle venait de sympathiquement faire une course pour un autre juriste qui était son frère. Je ne pensais pas en terme d'avantage du fait d'être « proche » de la soeur donc du frère, bien loin de moi cette idée. Je pouvais être anglais, particulièrement arrogant et conscient de l'être, je n'en oubliais pas moins d'être un gentleman. Ou de tenter d'en être un dans les mesures de mes capacités et de toutes évidences, jouer avec la demoiselle n'était en rien une bonne idée. Puis pourquoi l'aurais-je fais? Assez de tergiversations, en plus de ça la demoiselle ne manquait pas d'une certaine classe...Hum pauvre choix de mot, d'une certaine beauté...Mieux dit encore la demoiselle ne manquait pas d'une beauté certaine. Sans trop que je sache pourquoi, la jeune femme eut un haussement d'épaule avant de me dire qu'elle ne savait pas ce que contenait l'enveloppe qu'elle n'avait servi que d'intermédiaire:
- Ne vous en faites pas mademoiselle, il n'y a aucun problème à ce que vous ayez fais l'intermédiaire. Une façon peu conventionnelle de faire parvenir des documents de la part de votre frère, mais pourquoi pas après tout? Si tous les coursiers vous ressemblaient j'accepterais même qu'ils portent les factures.
Si elle avait été surpris que j'étais jeune et habillé plus comme n'importe qui que dans le traditionnel costume à la James Bond, voilà qu'en plus je faisais un rien d'humour. En tous les cas, la jeune femme semblait un peu perturbée par ce lieu, certainement par le fait qu'il n'était pas terminé et que l'office était encore fermé. Moi-même de temps en temps j'étais obligé de sortir tant ce lieux était « vide ». Comme s'il lui manquait quelque chose, une âme peut-être. Après tout cela faisait cinq années que les locaux avaient été vide de toute vie, si ce n'était peut-être une ou deux visites dans l'année. Je me demandais à quoi allait ressembler ma journée puisque désormais j'étais en vacance pour les cinq jours à venir, enfin je ne savais que faire aujourd'hui, j'improviserais sur mon occupation du jour. Puis apparemment la jeune femme face à moi semblait elle aussi avoir du temps à tuer puisqu'elle profitait de sa présence pour se présenter, terminant par un « monsieur Ness » qui m'arracha une grimace de dégout:
- Je fais si vieux que ça? Parce que sinon mademoiselle Hansen, je pense que Jefferson avec un tutoiement sera bien mieux. Comme je n'ai pas encore recours au Botox et autre chirurgie esthétique pour paraître vingt-quatre ans, je pense que ce sera vraiment mieux. Pour ce qui est de qui je suis, vous le savez déjà. Je peux peut-être vous inviter pour un café? Enfin s'il est de convenance de le faire et que vous avez un peu de temps et envie de discuter un peu... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Dim 29 Mar - 16:47 | |
| Je me giflai intérieurement après chacune de mes paroles. Le visage du procureur était parfait et sa voix, j'en adorais déjà les intonations. Le seul problème, et il était de taille, c'est que j'avais 17 ans. Je ne sais pas ce qui me plut tout d'abord. Était-ce son look décontracté, le fait qu'il ne semble pas se prendre la tête pour rien ou bien tout simplement lui? Son physique quoi... J'aimais mieux ne pas y penser. C'était complètement stupide d'ailleurs. Quoique, pour une fois, j'aurais bien aimé avoir un pouvoir magique pour disparaître sous le plancher. Lorsqu'il s'adressa à moi, les accents veloutés de sa voix me firent rougir. C'était complètement stupide d'ailleurs. Comment faire une vraie folle de soi en une étape? Je devrais peut-être écrire un livre là-dessus! Il faut dire que j'étais plutôt douée pour me ridiculiser. Sauf que le compliment qu'il me renvoya ne passa pas inaperçu, si bien que je rougis de plus bel, préférant laisser mes yeux rivés au sol, voulant éviter de croiser les siens. *Stupide, stupide, stupide! Ok, calme-toi, c'est juste un compliment, ça ne veut rien dire du tout.* Prenant une profonde respiration, je relevai les yeux en sa direction, espérant que la rougeur sur mes joues auraient disparu. Ou du moins, qu'elle se serait légèrement estompée. Je n'avais pas de miroir sous la main et j'avais toujours l'impression d'avoir aussi chaud aux joues. Les garçons de mon âge n'avaient pas cet effet sur moi. Sans doute parce que ces derniers m'avaient soigneusement évitée durant toutes ses années, puisque je n'avais cessé de les éconduire et pas toujours de la façon la plus polie qui soit. C'était ainsi, je ne pouvais rien changer à mon passé, sauf que je ne pouvais pas. C'était impossible. Malgré moi, je regardais ses mains à la recherche d'une bague. Encore plus stupide. Peut-être était-il marié, mais ne portait-il pas sa bague aujourd'hui? Je détestais ce que j'étais en train de ressentir. Je n'avais pas envie de le ressentir. De devenir une idiote. Un simple pantin comme mon frère. Il n'en était pas question, je me le refusais. Reprenant le contrôle sur moi-même, je ne pus m'empêcher de sourire devant sa dernière remarque. Non, il n'avait pas l'air vieux du tout. Franchement, il paraissait vraiment bien. 24 ans? C'est bon, c'était interdit! J'avais pas le droit de... de... étrange comme ce mot refusait de sortir même dans ma tête. Aller prendre un café? Était-il vraiment en train de m'inviter? Bouche bée, j'eus l'impression un moment de rester figée. C'était la première fois que quelqu'un, autre que mon frère, m'invitait à prendre un café. La nervosité s'empara de moi, si bien que je bafouillais ma dernière réponse. "Je... tu... enfin... ok... pour le café..." Ça y est! Il allait vraiment pensé que j'étais une demeurée! C'était pas possible de gaffer comme ça. Rougissant de plus bel, je ne pouvais plus le regarder et préférais laisser mon regard divaguer sur le sol, évitant à tout prix le sien. J'étais vraiment complètement stupide. Je me martelais intérieurement des pires insultes que la Terre pouvait comporter. Prenant une profonde inspiration et tout le reste de mon courage, je me dis que je ne devais pas le laisser sur cette dernière impression. "Tu... tu ne fais pas vingt-quatre ans... et je croyais... je croyais que c'était l'usage... de... d'enfin... le vous... tu sais... par politesse..." J'avais l'impression qu'à chaque mot prononcé, je me calais davantage. J'aurais vraiment eu envie de me gifler pour vrai. Et pourtant, en ce moment, je ne le regardais même pas. C'était sans nul doute l'invitation qui me mettait dans cet état. J'avais pourtant accepté d'aller avec lui. Oui, j'avais du temps à tuer aujourd'hui, mais cela ne m'avancerait à rien s'il croyait que j'étais la fille la plus stupide sur Terre! Et pourtant, je ne le suis pas. Je suis même très intelligente! Du moins, en cet instant, j'avoue que j'étais loin de ce que je suis habituellement. "Ben... j'ai rien de prévu pour la journée... Mis à part la comission que je devais faire pour mon frère... alors... je te suis... je ne connais pas encore le chemin..." David m'avait demandé de me faire des amis ici, non? Il n'avait pas précisé quel âge devaient avoir ces nouveaux amis. Et puis, il approuverait, c'était en plus avec un procureur! Je veux dire, pour l'amitié, bien entendu. Vingt-quatre ans... nous avions sept ans de différence. Sept! C'est énorme! Nous appartenons à deux mondes différents : lui, celui des adultes et moi, celui des ados. J'avais réellement une imagination trop fertile parfois et je ne pus m'empêcher de sourire devant l'impasse qui se dessinait devant moi. C'était parfait, même si je tombais a... non, ça refusait de sortir même dans ma tête, bref, même si ça arrivait, je n'aurais pas à m'inquiéter, ce serait lui qui m'éconduirait gentillement, m'expliquant qu'il était trop vieux pour moi. Voilà! C'était parfait! Il n'y avait aucun risque! |
| | | Jefferson Ness
Innocente et fragile proie
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| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Dim 29 Mar - 17:43 | |
| Imaginez qu'on soit en train de réaliser un vol dans des locaux que je savais être désespérément vide. Il ne devait y avoir sur cette terre que moi pour avoir une idée aussi saugrenue et aussi incroyablement stupide. En tous les cas, je devais bien avouer que l'idée m'avait effleuré. Quand bien même il avait été possible qu'il y est un danger dans les locaux, que j'investirais dans le cadre de mon travail, j'étais entré, sans arme. En faites j'étais même entré la fleur au fusil, si tant était que l'on pouvait considérer que j'en avais un ce qui était très loin d'être le cas. Dans le meilleur des cas je pouvais supposer que la personne pense les locaux déserts pour le moment encore et soit une petite frappe sans prétention. Dans le pire des cas, ça aurait pu être un homme de main d'un groupement dont la loi ignore tout, mais qui veut absolument éviter de perdre un de ces membres. Tout était envisageable mon métier me l'avait appris, ce n'est pas parce qu'une personne semble innocente et qu'on veut croire à son innocence qu'elle l'est. J'avais choisis d'être procureur, condamné les fauteurs de trouble en prouvant leur culpabilité.
Ca avait été un choix particulier, et je m'attendais presque qu'on vienne un jour me trouver pour me dire que j'avais envoyé un innocent en prison. Comment réagirais-je dans ce cas là? Je songeais à mon arrogance qui me pousserait à dire que j'ai fais mon métier et apparemment fichtrement bien qu'un innocent ait été inculpé. Arrogance, quand tu nous tiens, comme ça pourrait passer pour de l'arrogance que ce que je venais de faire. Dans un premier temps en complimentant la demoiselle, qui semblait bien plus jeune que moi, puis en l'invitant à boire un café. Le premier était parfaitement excusable dans mon esprit et mon arrogance « les belles choses sont faites pour être regardées. » Ce n'était pas de moi, mais au moins ça méritait de m'excuser pour le compliment si tant était qu'il eut fallu s'excuser pour dire à une ravissante demoiselle qu'elle était ravissante. Cela aurait été une première de m'excuser de complimenter quelqu'un. En tous les cas, les yeux de la jeune femme avaient trouvé le sol alors que ses joues avaient légèrement rosies après mon compliment. A ma surprise d'ailleurs. Habituellement les jolies demoiselles avaient l'habitude de ce genre de petites piques et feignait un air gêné mais les joues ne rosissaient pas. Après mon invitation au café, la demoiselle resta un instant bouche bée.
La réponse de la jeune femme fut assez décousue et pour la rassurer, je tâchais de lui adresser un sourire de réconfort. Cependant cela semblait être peine perdue car les joues de la demoiselle commençaient doucement à devenir d'un rose qui tournait lentement dans une sorte de rouge. Son regard se baladait absolument partout sur le sol, et en rien vers moi. Mon sourire avait beau se vouloir sympathique et pour tenter de la mettre à l'aise, elle semblait n'avoir d'attention, du moins ses yeux, que pour le sol. J'en étais à me demander si j'avais mal fais de l'inviter. Enfin, l'espace d'un instant. Certains pensaient que les anglais sont arrogants, ils avaient bien raison, mais feraient mieux d'en être certain que seulement de le penser. J'avais plutôt le sentiment que la jeune femme n'était pas habituée à ce genre d'invitation ce qui d'un certain côté me paraissait étrangement. Les mecs mériteraient d'être frappés. Où donc étaient passées la galanterie et la chevalerie? Ou donc étaient passés ces garçons qui savent encore invités une demoiselle à boire un café ou manger une glace? Quoi qu'une glace au Yukon...A Liverpool déjà ce n'était pas fréquent, alors ici. Enfin la demoiselle répondit à ma remarque sur mon âge:
- Content de voir que je ne fais pas aussi âgé. Puis pour le vouvoiement, ça aurait surement été de la politesse si j'avais eu la quarantaine passé ou que je sois entrain de travailler, mais je ne suis ni dans un cas, ni dans l'autre pour l'heure.
Un clin d'oeil à la fin de ma phrase, me rendant soudain compte combien ce signe pouvait être idiot. Si la demoiselle pouvait l'interpréter ainsi qu'il devait l'être comme un simple signe pour la rassurer, il y avait ce second sens que les jeunes savaient lui donner. Sauf que je ne pensais pas à cette seconde possibilité, me contentant d'entendre la demoiselle me dire ne rien avoir de prévu pour la journée de toutes façons et le fait que je devais la guider car elle ne connaissait pas le chemin. Le tout en continuant de ne regarder que le sol. Décidément, cette jeune femme me surprenait. Aussi jolie et aussi gênée d'être invitée. Pas vraiment dans ma conception des choses. Je m'approchais de la demoiselle, posant une main au milieu de son dos pour l'inviter à commencer à marcher. Je prenais soin cette fois de fermer le bureau avant de déposer l'enveloppe dans ma voiture à la triste mine. La marche fut rapide, le café n'étant à même pas cinq minutes de mon lieu de travail. Il n'y avait pas grand monde dans le Café. Dans un style ancien, tout en bois avec une forte odeur de café présente partout dans le lieu. Tirant doucement une chaise pour « aider » la demoiselle à s'asseoir, je m'assis tranquillement en face d'elle. Une table qui permettait un minimum d'intimité puisque assez loin des rares clients présents, et un mur sur ma droite qui entendrait surement, mais ne dirait rien. Avec un petit sourire:
- Alors mademoiselle, vous êtes arrivée ici?
Oui, je vouvoyais la demoiselle, c'était après tout une marque de galanterie qui se perdait, c'était bien là un minimum. J'avais beau être arrogant comme impossible, au moins j'avais eu une éducation chevaleresque... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Dim 29 Mar - 22:16 | |
| Si seulement tout était simple dans ma vie. Pourtant, tout me semble clair, mais rien ne l'est. Je me laisse sans doute emporter par l'effervescence du moment, parce que rien n'est jamais clair. Je voudrais pourtant rendre les choses plus faciles, mais mon passé ne me le permet pas. J'ai appris à me refermer, à ne pas m'approcher des autres. Le seul qui a réussi est mon frère et c'est parce que nous avons un lien de sang. Il ne m'a jamais laissé tomber, il a toujours été là quand j'avais besoin de lui. Voilà pourquoi je n'ai pas peur de me dévoiler entièrement avec lui, puisqu'il me connaît dans les moindres recoins. Il sait la souffrance que j'ai enduré, puisqu'il l'a enduré lui aussi. Ce que nous avons partagé va au-dela de ce qui est descriptible. Avec lui, nul besoin de mots. Parfois un regard échangé lui permet de comprendre tout la profondeur de ce que je ressens. Et pourtant, même s'il est prêt de moi, j'ai toujours l'impression qu'il se trouve à des années lumières de moi. Comment faire pour comprendre tout ça? C'est impossible. J'ai bien vu le sourire encourageant que me lance Jefferson, si seulement il savait que ce n'est pas aussi simple. Déballer ma vie? Il n'en est pas question. Je n'ai jamais aimé parler de moi-même, je ne suis pas imbue de ma personne. Et apprendre à connaître les autres ne m'est pas aisé. J'ai pourtant tenté par le passé, mais il m'était impossible de le faire. Tout simplement parce que je n'y arrive pas. S'ouvrir, se laisser porter par l'instant, dévoiler ce que nous sommes, c'est bon pour ceux qui veulent passer le reste de leur vie ensemble. De mon côté, je n'ai jamais ressenti ce besoin. Je préfère rester seule. Ainsi, personne ne souffre à cause de moi et je ne risque pas de causer de chagrin à personne. Vaut mieux s'éloigner avant de faire du tort aux autres. Du moins, c'est ma perception des choses. Cependant, David m'a demandé de faire un effort. Ça ne doit pas être si difficile que ça. Il suffit juste, juste... De quoi au fait? Je ne sais même pas ou commencer. Cependant, Jefferson semble plus à l'aise que moi. Le clin d'oeil qu'il me lance est un véritable soulagement. C'est bon, il ne croit pas que je suis complètement folle. Du moins, pas encore. C'est rassurant même. Parce qu'aux yeux des autres, j'ai toujours passé pour celle qui était cinglée, celle de qui on ne devait pas s'approcher. Pourtant, je ne me vois pas comme une menace. Mais l'exclusion a ça de bien lorsqu'on désire se mettre à l'abri : et puis, les conséquences sont moins fâcheuses puisque personne ne souffre de notre isolement. Je sentis sa main se poser sur mon dos. À ce contact, je frissonnais légèrement. Ce fut sans doute imperceptible, mais je ressentis cette vague de frissons me submerger complètement. Pourquoi? Sans doute parce que je ne suis pas habituée à cette proximité, à ce genre de contact. Même avec David, j'essaie d'éviter quand je le peux. Je me plis à sa demande et le suis, cachant mon désarroi en pareille situation. Si seulement David pouvait me voir en ce moment! Ça lui ferait sans doute plaisir que je commence à m'ouvrir aux autres. Ouais, il faut le dire rapidement, puisque ce n'est pas encore le cas. Arrivés au café, la distance à franchir n'étant vraiment pas longue, je remarque alors qu'il tire ma chaise et me laisse m'installer avant de prendre place. Je suis plutôt surprise, mais tente de le dissimuler. Les bonnes manières, je croyais qu'elles avaient fini par se perdre dans le monde dans lequel nous vivons. Il fait preuve de délicatesse à mon égard et cette délicatesse contribue à augmenter mon malaise. Déjà que je n'ai pas l'habitude des sorties, alors qu'il fasse preuve d'autant d'attention à mon égard ne peut que me mettre dans une position délicate. Pourtant, encore une fois, je fais taire en moi tout ce qui serait susceptible de briser cet instant. Alors que nous sommes installés, je remarque l'endroit choisi par ce dernier. À l'abri des oreilles indiscrètes, loin de tous ceux qui pourraient vouloir écouter notre conversation. J'ai bien vu quelques têtes se tourner en notre direction. Ouais, une nouvelle fraîchement débarquée dans le coin. Ça doit faire cet effet-là lorsqu'une tête inconnue s'attable en bonne compagnie dans un café. Je cesse de prêter attention aux autres et me concentre sur celui qui est maintenant assis en face de moi. Décidément, il ne fait pas son âge! Il paraît tellement calme et posé que son comportement me désarçonne. Je ne sais que dire ou que faire, mais il prend les choses en main et décide de commencer la conversation. Tant mieux, je n'aurais pas su par quoi commencer. C'est un soulagement, puisque je peux le laisser parler sans m'angoisser sur ce que je vais dire ou ce que je vais lui demander. Une bonne façon de briser la glace. Mon regard se concentre alors sur le sien. Du moins, un court instant, puisque le malaise s'emparant à nouveau de moi, je préfère regarder la table. "Oui, je viens d'arriver ici. Enfin, ça fait pas très longtemps. Mon frère a reçu une promotion et nous sommes venus nous installer ici. Il semble très emballé par cette nouvelle ville et espère pouvoir apporter sa contribution ici." Il est tellement plus aisé de parler des autres que de parler de soi. J'ai toujours eu plus de facilité à parler de mon frère qu'à parler de moi. Surtout qu'il y a des choses plus intéressantes à dire sur David que sur moi. "Et toi? Ça fait longtemps que tu es ici?" Le tutoiement étant maintenant de rigueur, je ne vois pas pourquoi il s'acharne et continue de me vouvoyer. Même si, intérieurement, ça me fait plaisir, il n'en reste pas moins que cela soulève tout de même un léger malaise. "Tu sais, tu peux me tutoyer toi aussi. Ça... ça va me mettre plus à l'aise..." Oui, parce qu'en ce moment, j'ai l'impression d'être sur un genre de piédestal. Je n'ai jamais aimé le centre d'attention et cette situation me conviendra si et seulement si il arrive à me tutoyer. Sinon, le malaise continuera de grandir, je le sais. |
| | | Jefferson Ness
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| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Lun 30 Mar - 0:43 | |
| La joute verbale. Ce n'était pas un plus dans mon métier, loin de là, c'était même un élément obligatoire de mon métier. En faites un juriste qui ne savait pas un minimum parler, même sans forcément baratiner serait rapidement mangé par son adversaire. Enfin adversaire donnait une connotation sportive pas forcément des meilleurs, mais ennemi donnait une connotation guerrière fort peu reluisante. Comme les juristes même opposés n'étaient pas en guerre les uns avec les autres ou contre les autres plutôt, adversaire devenait le terme le plus logique quoi que pas le meilleur. Comme souvent, il n'y avait pas de bon terme pour désigner cette opposition étrange. Cependant il était des choses que les mots ne savaient désigner et cette opposition entre juriste dans un tribunal n'était on ne pouvait plus innommable. Cependant, cela m'avait permis d'acquérir une aisance toute particulière à l'oral, aisance qui se trouvait d'autant plus forte que j'étais arrogant. Comme quoi parfois, il fallait savoir écouter les préjugés.
En plus de ça, mon arrogance n'était pas vraiment une chose qui allait en se diminuant. Bien au contraire, sans vraiment prendre soin de l'entretenir, elle me restait cependant toujours bien présente. Et chacune de mes réussites la nourrissaient un peu plus, la rendant toujours plus forte mais dans le fond, c'était bien une chose que l'argent donnait, de l'arrogance. Evidemment, la vie pouvait être facile quand votre père gagnait de l'argent assez que vous viviez une vie dorée sans jamais rien faire. Cependant je n'avais jamais été capable d'être inactif et de vivre aux crochets d'un autre. En plus de ça, je m'étais condamné moi-même à faire un choix, force était de mon arrogance. Monter un gang de hooligan à Liverpool avait été mon premier investissement, certes pas très brillant, mais un investissement aussi valable qu'un autre. En plus de cela, il fallait avouer que nous étions plutôt doués dans ce domaine du hooliganisme. J'avais été selon les personnes un bon chef. Cependant être chef d'un gang de personnes buvant de la bière et se battant, et être cher d'un bureau de juriste et devoir gérer une équipe de personnes travaillant dans le droit était une toute autre histoire.
Car désormais c'était bien là ma nouvelle fonction. Je n'étais plus désormais un simple troufion qui recevait des ordres et les appliquaient. Quoi que je n'avais jamais vraiment eu d'ordre de mon ancien supérieur puisque celui-ci devait craindre un peu le fait que mon père soit le grand patron. On pouvait penser qu'avoir des parents riches et excellant dans un domaine était quelque chose de très positifs pour l'avenir de leurs enfants. C'était faux. J'étais fils unique de parents riches dont l'un d'eux possédaient un nombre certain de bureaux de juristes. Evidemment, cela me permettait des augmentations de temps en temps, ainsi que des responsabilités peu habituelles, voir même des promotions incroyables comme celle qui venait de m'arriver. Seulement voilà, il subsistait toujours en moi ce doute, cette petite question qui de temps en temps venait chatouiller mes oreilles et mes pensées alors que j'étais tranquillement dans mon lit installé. « Est-ce que véritablement je méritais cette promotion? N'était-ce pas seulement le fruit d'avoir un père juriste qui me surveillait et assurait mon avenir? »
Encore une fois c'était mon arrogance qui répondait à cette question que je me posais. Inutile de préciser qu'elle répondait que je méritais amplement cette promotion et que je ne la devais pas à ce que mon père pouvait faire. Le contraire aurait été étonnant en plus de ça, ce n'aurait pas été de l'arrogance si ça n'avait pas agi ainsi que ça le faisait. D'un certain côté d'ailleurs je devais avouer aimer tout particulièrement cette arrogance. Bien loin de moi l'idée d'essayer de m'en soigner tout au contraire. Cependant, je savais la mettre entre parenthèse pour devenir un parfaite gentleman. Ce n'était pas Arsène Lupin gentleman cambrioleur mais Jefferson Ness gentleman arrogant. C'était d'ailleurs même de l'arrogance que de se penser soi-même gentleman, mais chacun avait besoin de sa dose d'arrogance. Cependant et comme toujours en présence d'une personne du beau sexe, plus encore lorsqu'il s'agissait d'une ravissante demoiselle, je prenais grand soin d'être particulièrement attentionné. Les jeunes d'aujourd'hui étaient à baffer tellement ils oubliaient le simple respect vis à vis des jeunes femmes.
Cela faisait-il de moi un dinosaure dans ce monde si particulier? Peut-être un petit peu. Cependant je croyais dans les vertus de ces attentions toutes simples, un peu anciennes certainement, mais toutes simples et si agréables. Elle ne demandait ni argent, ni sueur particulière. Juste un rien de volonté et un sourire. La « rémunération » à ces gestes si simples étaient tellement intéressantes. Ce n'était souvent qu'un sourire ou un petit regard, parfois juste des joues qui s'empourprent. Pourtant ce seul petit quelque chose que beaucoup ne savent plus apprécié est mille fois meilleur que tous les « merci » au monde. En parlant de regard, je pouvais finalement profiter, un très bref instant du regard de la jeune femme. Celui-ci passa pourtant très rapidement de mes yeux à la table en bois massif. Elle me parla d'elle, du fait qu'elle venait d'arriver en raison de la promotion de son frère. Et elle me parla de ce qui lui semblait par rapport à son frère. Prenant un certain soin, certainement involontaire d'ailleurs, à parler plus de lui que d'elle-même. La demoiselle semblait manqué d'un peu d'assurance dans ses contacts avec les gens, ou peut-être était-ce simplement avec moi? Je n'avais pas trop. En tous les cas, elle me renvoya ma question, et j'allais répondre quand elle me demanda de la tutoyer pour la mettre plus à l'aise:
- D'accord, dans ce cas, je vais faire attention de te tutoyer.
Qu'y avait-il à dire sur moi? Pas tant de choses non plus en plus son frère étant certainement proche du droit, il ne faisait aucun doute qu'elle entende assez de juridique:
- Je suis arrivé ici il y a un peu plus de trois ans. J'étais procureur à Whitehorse, jusqu'à ce qu'un bureau ouvre ici et qu'on me mettre à sa tête. Tu verras, Watson Lake est un très bel endroit, tu te plairas certainement ici. Il y a de très belles choses à voir, la forêt et les lacs donnent des paysages somptueux. Enfin j'imagine qu'une demoiselle doit se demander ce qu'elle fait là quand elle pourrait être à Los Angeles en train de regarder des boutiques.
Je réfléchissais à ce que m'avait dis la jeune femme, alors que le garçon venait nous demander ce que nous voulions et moi de commander un Latte Machiato. Une fois le serveur reparti, je demandais à la demoiselle:
- Tu as dis, enfin pas directement, mais tu as dis que tu n'étais pas tout à fais ton aise. Si c'est parce que je suis procureur, ne t'en fais pas, j'essaye de rester humain un maximum... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Lun 30 Mar - 3:30 | |
| Si seulement il connaissait la vraie raison de mon malaise. Ce n'était pas seulement le vouvoiement qui me mettait mal à l'aise. Cela venait en grande partie du fait que j'avais toujours eu du mal à communiquer avec les autres. Mais je ne pouvais pas lui dire ça. Que penserait-il de moi? Et ça ne se déballait pas comme ça : tu sais, j'ai toujours eu de la difficulté à me faire des amis! Dans l'endroit ou j'habitais avant, je n'en avais pas un seul! Non, j'en étais franchement incapable. Le fait qu'il soit procureur ne me dérangeait pas tant que ça. C'était toujours pratique d'avoir un homme de loi de son côté lorsque surgissaient les ennuis. Et puis, en connaître deux ne seraient pas de trop si jamais il m'arrivait de gros ennuis. Il était tout à fait charmant et dépassait de loin les jeunes de mon âge. À ce niveau, ça paraissait qu'il avait vingt-quatre ans. Quoiqu'encore, tous les jeunes hommes de son âge n'agissaient pas de cette façon. Certains se montraient particulièrement grossier, j'en avais fait la douloureuse expérience lorsque j'étais à Ottawa avec mon frère. Je me rappelais encore cette soirée ou il m'avait demandé de l'accompagner. Il ne souhaitait pas me laisser encore seule à la maison. J'avais donc suivi, priant pour que cette soirée ne soit pas trop longue. Il allait souper avec un copain de la fac. C'était un souper tout ce qu'il y a de plus normal jusqu'à ce que son copain commence à me draguer. Et pas de la façon la plus courtoise qui soit. Cela avait eu pour effet de faire sortir mon frère de ses gonds et la soirée s'était terminée plus tôt que prévue. Le pauvre copain de fac avait d'ailleurs compris qu'il n'avait plus intérêt à s'approcher de moi. Je me rappelle d'ailleurs m'en être voulue, parce que si je n'avais pas été là, il n'y aurait jamais eu de problème. David m'avait dit que ce n'était en rien ma faute et que je ne devais pas m'en vouloir. Mais je n'y pouvais rien, je me sentais toujours affreusement coupable. C'est pourquoi j'avais préféré ne plus l'accompagner dans ces soirées mondaines, préférant le laisser avec son monde. Un jour, peut-être... Ainsi donc, il était établi ici depuis trois ans. C'était lui aussi un petit nouveau, en quelque sorte. De ce que j'avais pu en comprendre, la plupart des gens avaient tous grandi ici. Ce qui n'était évidemment pas mon cas, ni celui de Jefferson. Je méditais encore un moment la réponse que j'allais lui servir pour ce qui était de mon malaise. En fait, c'était beaucoup plus trouble que je ne l'aurais voulu et puis, pourquoi ne pas lui laisser croire qu'il avait effectivement raison que c'était le fait qu'il soit procureur qui me mettait mal à l'aise? Parce que ce n'était tout simplement le cas. Je me voyais mal lui mentir d'ailleurs. Dire la vérité? Il partirait sans doute en fuyant, disant qu'il préférait ne pas traîner avec une looser. Il n'y avait pas beaucoup d'options qui s'offraient à moi et j'aurais bien aimé contourner le sujet, mais je m'aperçus que cela m'était impossible de le faire. Je devais donc lui répondre. Mais répondre quoi? Ma gêne ne serait que plus voyante. Le serveur avait déjà pris nos commandes et j'avais tout simplement demandé un chocolat chaud avec de la mousse. Je n'étais pas très caféine et je préférais éviter d'en prendre, du moins pas tant que je ne serais pas à la fac et que je n'aurais pas de véritable raison d'en boire. Ma vie était suffisamment stressante en ce moment, je n'avais pas besoin d'en rajouter. "C'est juste que... disons que... tu es la première personne que je rencontre ici..." Bon, c'était un tout petit mensonge, mais il n'y avait pas de mal à ça, non? Je n'étais pas pour lui dire : tu es mignon, mais je sais que tu es trop vieux pour moi et tu es tellement différent de tous les garçons que j'ai rencontré. Ça ne faisait pas très sérieux. Et puis, j'étais trop jeune pour lui, alors, inutile de continuer de délirer. Maintenant, marquons une pause au délire. "J'ai déjà visité quelques endroits à Waton Lake. Le lac Wye, ton bureau, ça fait déjà deux endroits ça!" À nouveau, un sourire vint éclairer mon visage et mes pupilles émeraudes rencontrèrent les siennes. Je devais à tout prix calmer ma nervosité. Je me mis alors à jouer avec la cuillère, la triturant entre mes doigts. Il n'était pas aisé pour moi d'avoir une discussion et c'était sans aucun doute l'une des plus longues que j'avais eu avec quelqu'un. Je savais que David serait fier de moi par contre. J'avais parlé à deux personnes depuis mon arrivée ici! C'était tout de même quelque chose! Je pouvais m'applaudir, non? Je le méritais bien! Pourtant, je n'avais qu'une envie, fuir! Pourquoi? Parce que je savais que plus la conversation avancerait et plus je devrais parler de moi. Serais-je assez habile pour éloigner la conversation de moi? J'avais une bonne écoute, que j'avais pratiqué en écoutant Cassandre pendant des heures. J'arriverais sans doute à m'en sortir. Je devais juste trouver un sujet sur lequel je pourrais le faire parler suffisamment longtemps pour qu'il en oublie de me poser des questions. Je me mis donc à réfléchir afin de mettre mon plan à exécution. |
| | | Jefferson Ness
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| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Lun 30 Mar - 16:56 | |
| Et dire que j'avais vu cela comme une punition que d'être envoyé ici, à Watson Lake. Enfin pas à Watson Lake précisément, mais le fait d'être envoyé dans le Yukon. Vous avouerez que l'on peut difficilement m'en vouloir de ne pas avoir apprécié l'idée dans un premier temps. C'étaient les préjugés qui voulaient ça et comme tout un chacun, j'en avais également, on ne pouvait rien faire contre, tout le monde avait des préjugés. Qu'il le veuille ou non, qu'il le dise où pas, nous avions tous des préjugés. Je craignais cet endroit au tout début, avant même d'arriver en faites, qu'y trouverais-je? Comment les gens y vivaient-ils? Etaient-ils accueillant avec les petits nouveaux qui arrivaient? Il était pourtant désormais établi dans ma tête que je ne partirais pas, ou en tout pas sans avoir la certitude totale et absolue de pouvoir revenir régulièrement. C'était peut-être un comble que d'être passé d'un état d'esprit où je ne voulais pas venir à son total opposé du « je ne partirais pas » un peu à la façon d'un gamin capricieux. « Je n'irais pas maman! » et quand vous le recherchez deux semaines plus tard « Je veux pas rentrer, je veux rester encore! » Après tout, il n'y avait que les crétins qui ne changeaient pas d'avis et je doutais d'être un crétin, sans pour autant me prendre pour le Einstein des temps modernes.
Le Yukon m'avait séduis comme je comprenais que dans l'ancien temps les chercheurs d'or y soient venus. Quand bien même il y avait de l'or ce qui était une raison bien valable pour qu'un chercheur d'or s'y installe, le paysage était simplement somptueux. Toute la nature alentour était magnifique, parfaitement conservée, comme si la civilisation avait oublié ce coin du monde. Cette idée là n'était pour me déplaire, enfin pas trop non plus. A la manière d'un Tony Stark dans Iron-man qui dirait « La paix? J'adore la paix, la paix me foutrait au chômage », moi je dirais « l'absence de civilisation? J'adore l'absence de civilisation, l'absence de civilisation me foutrait au chômage. » Enfin ce n'était pas vraiment l'absence de civilisation qui me mettrait au chômage, mais l'absence de ce qui nous définissait en tant que être humain. Notre capacité à être humain, ce qui nous différenciait des bêtes, quoi qu'il n'avait jamais été éprouvé qu'un animal ne ressente pas d'émotion. Cette chose si unique à l'Homme, sa capacité à ressentir des sentiments. Un don tout particulier qui nous avait été fais. Par une divinité supérieure si vous êtes croyant, par l'évolution pure et simple à la façon du darwinisme si comme moi vous étiez sceptique sur les religions.
En parlant de sentiments, je me demandais quel âge pouvait avoir la jeune femme qui me faisait face dans ce café. Elle semblait assez jeune mais j'avais du mal à lui donner un âge, elle faisait assez mature malgré tout. Seule cette gêne qu'elle semblait avoir contrastait avec ce que j'aurais pu penser d'elle comme une femme plutôt adulte. Bien que la gêne subsistait également chez les adultes, je vais avouer avoir beaucoup de mal à imaginer être le tout premier homme à être aussi attentioné avec cette jeune femme. Bien sûr j'étais arrogant et je pensais souvent à moi, mais j'avais mes priorités et je les respectais. Je pouvais aider sans rien attendre en retour, la valorisation de mon estime de moi me suffisait largement. Les demoiselles faisaient partis de ces priorités, une âme de romantique dans un esprit d'arrogant, voilà quelque chose qui pouvait surprendre, mais je préférais simplement me dire que ce n'était que moi. La jeune femme eut des propos bien surprenant, me disant être la première personne qu'elle rencontrait ici. Chose étrange quand on savait combien de personnes intéressantes, bien plus intéressantes que moi d'ailleurs, il y avait d'ailleurs dans ce coin du monde. Après tout, il ne fallait pas se mentir, j'étais plutôt un tout nouvel arrivant ici. Bien que cela fasse trois années maintenant, je ne pouvais pas dire être « un local » Juste un habitant de plus, qui connaissait désormais un peu les lieux mais pas comme quelqu'un vivant ici:
- La première personne que tu rencontres ici? C'est assez étrange je dois dire. Enfin je veux dire par là que les gens sont très gentils ici, j'ai été très surpris par autant de sympathie et de gentillesse. J'ai déjà vu trois pays et une vingtaine de ville, aucun habitant d'aucun de ces pays et d'aucune de ces villes n'a été aussi agréable que les gens que j'ai rencontré là. Il ne faut pas t'en faire, tu connaitras rapidement des gens, j'imagine que tu ne laisses pas la gente masculine indifférente pas vrai?
Ce dernier point se voulait tantôt un compliment, tantôt une simple remarque, encore une fois je me maudissais encore une fois de parler comme un procureur. Dire cela pouvait mettre la jeune femme qui plus est qui m'avait dis ne pas être des plus à son aise. Mettre un doute, mettre dans une position peu enviable, des choses qu'on apprenait au procureur et sans m'en rendre compte je les appliquais involontairement. Ou peut-être n'étais-je pas aussi à mon aise face à cette jeune femme. J'étais arrogant, j'aimais les regards des autres sur moi, je n'étais pourtant pas des plus aises pour discuter avec les jeunes femmes seules. Je n'avais jamais eu d'histoire avec une jeune femme, jamais sentimentale en tout cas. Les histoires extra-sentimentales me connaissaient, je n'avais jamais vraiment eu de petite amie à proprement parler. Justement parce que j'avais du mal avec ces situations où je me retrouvais avec une jeune femme hors du cadre de mon travail ou d'une obligation absolue. Je cachais cette gêne derrière ce qui pouvait paraître un trop plein d'assurance voir de l'arrogance:
- Le lac Wye, un fort bel endroit. Quand à mon bureau, je ne dirais pas que c'est réellement un lieu touristique, mais tu peux en effet dire l'avoir visité. Tu m'as dis avant que tu étais venue ici avec ton frère suite à une promotion qu'il avait obtenu, mais toi qu'est-ce que tu fais? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Mer 1 Avr - 4:33 | |
| Il avait voyagé! Ce que je n'avais encore jamais fait. Disons tout simplement que le métier de mon frère n'amenait pas à faire de grands voyages. J'étais née à Ottawa, j'avais grandi à Ottawa et je n'avais rien vu d'autre mis à part Ottawa. Voyager, c'était nouveau. Et encore! Ce n'était pas un voyage! Watson Lake serait désormais l'endroit de ma nouvelle demeure. Cela ne me déplaisait pas, c'était juste que je devais m'y habiter. Étant nouvelle, je me demandais d'ailleurs comment j'allais faire pour m'habituer à cet endroit. Jefferson se faisait toutefois réconfortant dans ses propos. Les gens étaient ici étaient accueillants, ce dont je ne doutais point. Le seul problème était que je n'avais pas réellement envie de mesurer à quel point ils pouvaient se montrer hospitaliés. J'avais plutôt envie de fuir et de me cacher. Pourquoi? Tout simplement parce que j'avais toujours évité les contacts avec les autres. Cependant, Jefferson ne laissait pas croire que j'avais une raison de fuir, du moins, pas pour le moment. La conversation suivait un cours normal, du moins, pour le peu que je connaissais en la matière. Des banalités, mais ces banalités me convenaient parfaitement, évitant ainsi d'entrer dans des détails sur lesquels je n'avais pas envie de m'attarder. Il était facile de faire la conversation aux gens sans entrer dans les détails. Et j'avais été plutôt douée lorsque je me trouvais à Ottawa. C'était sans doute parce que j'aavis réussi à faire fuir tout ceux qui avaient tenté de s'approcher trop près de moi. Du moment que je voyais que quelqu'un s'attachait à moi, je trouvais un prétexte pour l'éloigner. C'était comme ça, je ne pouvais pas y faire grand chose, j'avais toujours agi de cette façon. D'ailleurs, David me l'avait souvent fait remarqué, reprochant que je n'amène jamais d'amis à la maison. Je savais qu'il s'inquiétait pour moi, mais je n'arrivais pas à me faire des amis aussi facilement que lui. Le commentaire qu'il passa ne me laissa pas de glace, si bien que je me mis à rougir de nouveau. La gent masculine? C'est drôle, je ne portais jamais attention aux gars qui m'entouraient. Ayant le regard rivé plus souvent au sol que sur les visages des autres, je ne portais jamais attention à ceux qui m'entouraient. Je rasais les murs lorsque j'étais dans un endroit public et j'évitais même d'attirer les regards sur moi. Si bien que je ne savais pas vraiment l'effet que je pouvais avoir sur les garçons. De la fausse modestie? Non, c'était simplement de l'ignorance et dans mon cas, une ignorance désirée. J'eus du mal à retrouver mes facultés si bien que je mis un certain moment avant de répondre. "Je... je ne sais pas. En fait, je préfère ne pas savoir." Ne pas connaître l'effet que j'avais sur les autres me permettait de rester inconnue au monde qui m'entourait. Et c'était ce que je souhaitais. N'avoir aucun lien mis à part celui qui me liait à David. Pourquoi? Sans doute cette crainte. Cette crainte qui persistait sans cesse à l'intérieur de moi et qui avait grandi au fur et à mesure que j'avais vieilli. Ce n'est jamais facile d'être élevée comme une orpheline, d'à peine connaître ses parents et d'avoir, comme seul souvenir d'eux, la mémoire de son grand frère. Tout ce qui me rattachait à mes parents, c'était David. C'était sans doute la raison pour laquelle j'évitais de m'attacher aux gens. La peur d'être abandonnée à nouveau. De vivre un déchirement. Je ne sais pas en fait et je préfère ne pas savoir. Relevant les yeux en sa direction, essayant à nouveau de camoufler ma gêne, je remarquai que le serveur avait déposé notre commande. Je pris une gorgée de chocolat chaud. Pourquoi avait-il passé une remarque comme celle-là? Je le savais au fond de moi, mais préférais tout de même ignorer la réponse. C'était plus facile ainsi. Jouer l'innoncente. Oui, comme ça, ça évitait de créer des liens. Que dirait David? Je faisais quand même un effort, non? Mais cet effort n'avait rien de facile. À nouveau, une question fusa de ses lèvres. Qu'est-ce que je faisais? Ben, cette réponse était facile et n'exigeait pas un trop grand dévoilement de ma part. C'est pourquoi je consentis à y répondre. "Je suis étudiante. Je commence le lycée lundi." Encore une fois, une réponse très courte qui ne donnait pas dans les détails. C'était compliqué. Parce que si je lui disais que mon frère était mon tuteur, cela amènerait de nouvelles questions et je serais obligée de parler de mon passé, sujet que j'évitais constamment. Je n'aimais pas parler de ce qu'il y avait dans mon passé. Cela faisait remonter en moi trop de tristesse et de nostalgie et je n'aimais pas ressentir ses émotions en public. Je considérais que ces informations étaient confidentielles, top secrètes et n'avais pas envie de les partager, du moins, pas pour le moment. Je devais toutefois trouver un sujet sur lequel Jefferson pourrait parler sans que j'aie besoin d'intervenir ou encore sans qu'il ne pense à me renvoyer ma question. Ce qui était loin d'être évident. Il avait dit avoir beaucoup voyagé, pourquoi ne pas le faire parler sur ces voyages? Cela promettait d'être intéressant et au moins, s'il me retournait la question, je n'aurais qu'à répondre que je n'avais jamais voyagé, ce qui était la stricte vérité. "Tu as visité plusieurs endroits d'après ce que j'ai cru comprendre. Il y a un endroit, mis à part Watson Lake que tu as aimé visiter?" Question banale dont la réponse promettait d'être intéressante. Et au moins, je n'entrais pas dans son intimité, respectant les barrières d'une première discussion. Ainsi, il ne sentirait pas que je me montrais trop curieuse, mais juste intéressée par ce qu'il venait de dire. Finalement, je ne me débrouillais pas si mal. |
| | | Jefferson Ness
Innocente et fragile proie
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| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Mer 1 Avr - 11:53 | |
| J'avais déjà eu des conversations avec des gens, et souvent les premières conversations étaient les plus étranges que l'on pouvait avoir avec une personne. Tout simplement parce que chacun tentait de garder un espace intime. Evidemment, hors de questions d'entrer dans les détails de sa vie, cela aurait de toutes évidences été particulièrement déplacé de le faire. Cependant j'avais aussi compris que vouloir garder trop d'intimité, ne pas s'ouvrir un minimum aux autres ne menaient à absolument rien. La discution resterait une parmi cent autres, sans aucun intérêt, et la personne serait oubliée dans les temps qui suivrait. Tout au mieux la personne en question aurait droit à la fameuse question « On ne se serait pas déjà rencontré quelque part? » Ou une formulation approchante mais signifiant absolument la même chose. J'avais donc compris qu'il fallait s'ouvrir légèrement aux autres personnes si l'on espérait que la discution serve à autre chose que passer le temps. Donc je m'ouvrais assez aisément lors de la première discution. Ca pouvait paraître de l'arrogance, peut-être en était-ce, j'avais un doute cependant.
J'appréciais la compagnie d'autre personne, même si ce n'était que pour discuter. Peut-être mon métier m'avait-il aidé à me rendre compte combien la vie pouvait être courte et combien il était important de s'amuser et de profiter de chaque rencontre. Chaque mot que l'on laissait échapper pouvait être le dernier, aussi il fallait vivre toujours l'instant présent comme on le pouvait. Profiter des opportunités, voyager, découvrir, s'émerveiller. Ce n'était pas le fameux Carpe Diem, mais ce n'en était au final pas si loin. Force était de constater que de voir assez régulièrement des procès où des personnes, parfois très jeunes, sont mortes m'avait changé. Au moins ma conception de la mort. Je n'avais pas accepté l'idée de mourir, bien sûr que j'avais envie de vivre, j'aimais la vie. Embrasser les délices qu'elle pouvait proposer, connaître les plaisirs qu'elle avait à offrir. Tout simplement, j'aimais vivre. Et pour pouvoir vivre, il faut commencer par quelque chose, et j'avais choisis de commencer tout simplement par rendre aussi agréable que possible les rencontres que j'avais avec les gens.
Ca pouvait paraître étrange, mais un plaisir si simple que j'avais appris à aimer était de voir une jolie demoiselle. Souvent d'ailleurs les jeunes femmes imaginaient qu'il y avait une honte à avoir de rougir. De toutes évidences, elles n'étaient pas dans la tête des jeunes hommes en face d'elles. C'était quelque chose de véritablement mignon qu'une jeune femme aux joues légèrement empourprées. Cependant, mieux valait certainement qu'elles ne soient pas dans toutes les têtes des jeunes hommes en face d'eux. On ne savait jamais vraiment sur quoi elles pourraient tomber à visiter la tête d'un jeune homme. Si certains croyaient encore en la force de la galanterie et aux relations entre deux personnes du sexe opposé sans volonté de passer à une relation sexuelle, c'était de toutes façons de moins en moins le cas. Et c'était déplorable. Je souris à la réponse de la demoiselle lorsqu'elle me disait qu'elle ne savait pas et n'était pas certaine de vouloir savoir. Ma question avait été plus une affirmation que vraiment une question.
Depuis le début de la discution j'avais remarqué que la jeune femme semblait manquer d'un peu de confiance en elle. Sa dernière réponse pouvait sembler de la modestie, certainement fausse. En règle générale, les demoiselles qui sont jolies ont tendance à le savoir et se cachent derrière de la fausse modestie. Cependant c'était un ensemble de choses qui finalement m'avait conduit à penser que la jeune femme n'était pas entrain d'utiliser de la fausse modestie pour se cacher derrière. Elle ne savait pas et ne voulait vraiment pas savoir ce que les jeunes hommes pouvaient penser d'elle. Ou combien elle en laissait indifférent lorsqu'elle passait devant le regard d'un petit groupe d'entre eux. Si j'avais dû lui répondre, j'aurais dis qu'un très petit nombre serait resté insensible devant les charmes de la demoiselle. Moi-même je devais avouer que la jeune femme avait un charme tout particulier, peut-être était-ce cette distance qu'elle voulait garder. Peut-être était-ce cette timidité qu'elle semblait avoir qui faisait son charme, je ne savais pas trop.
La jeune femme m'indiqua qu'elle commencerait lundi le lycée, mais sans aucune précision supplémentaire, réponse restant très évasive. Non arrogance n'était de toutes évidences pas le terme pour désigner la jeune femme. Après tout, c'était un terme qui me désignait moi, ce n'était pas pour autant qu'il allait obligatoirement devoir désigner toutes les personnes que je rencontrais. En plus de ça, je devais avouer que me retrouver face à une personne aussi arrogante que moi me tentait très peu. Une rencontre entre deux arrogants, ce serait bien amusant, mais pour le moment, je me contentais bien que ce ne soit pas le cas. En tous les cas, la jeune femme me montrait une fois de plus qu'elle savait resté parfaitement évasive quand à elle-même. J'avais moi-même eu un passé parfois étrange dont il m'arrivait très fréquemment d'occulter des passages lrosque je parlais de moi. Tout particulièrement mes années où j'étais un hooligan.
Finalement la demoiselle me demanda s'il y avait un endroit que j'avais aimé visiter, Watson Lake mise à part. En faites oui il y avait bien un endroit que j'avais aimé, et sans m'en rendre compte mes pensées dérivaient vers cet endroit. Mon regard devait certainement avoir cet air absent qu'ont parfois les gens lorsqu'ils se retrouvent soudainement entrainé dans un souvenir qui était venu frapper à la porte de leur inconscient. Dans ma tête, une musique au piano, celle que jouait parfois ma grand-mère quand j'habitais encore dans ce pays qui m'avait vu grandir. Je revoyais l'herbe verte de ce jardin parfaitement entretenu, cette immense villa où j'avais grandis sous le regard de précepteur et de ma grand-mère. Cette musique me restait dans la tête alors que mes pensées sur passé se flouaient pour finalement revenir au moment présent:
- J'ai très peu voyagé pour visiter en réalité, plus pour vivre. Je suis né en Angleterre, j'ai grandis à Liverpool. Puis direction les Etats-Unis pour suivre des études de droit. Enfin direction le Yukon pour commencer une carrière de procureur. J'ai visité des villes, de belles villes comme Los Angeles ou Miami. De toutes les choses que ces villes peuvent offrir, c'est pourtant Liverpool que je regrette le plus. La terre de mon enfance.
Un petit pincement au coeur alors que je parlais de Liverpool, je revoyais des joies d'enfant que j'y avais eu. Certainement se traduisant par un petit sourire peut-être un peu idiot sur mon visage. Un sourire nostalgique. Mon Angleterre. Ma Liverpool. Finalement je repris avec un sourire un rien plus appuyé:
- Si c'est trop personnel, ne te forces pas à répondre, je sais que j'ai tendance à être particulièrement curieux. Est-ce que je suis un des premiers garçons qui t'abordent avec parfois des compliments? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Dim 5 Avr - 18:20 | |
| Liverpool. Je ne connaissais pas grand chose de cette ville, sinon qu'elle se situait en Angletterre. Je sentis néanmoins de la nostalgie lorsqu'il en parlait. Il n'était pas facile d'être déraciné de l'endroit ou l'on avait grandi, je pouvais aisément comprendre la chose étant donné que pareille situation m'arrivait. J'avais grandi à Ottawa et me retrouver ici ne m'était guère facile. Le recommencement. C'était plutôt cette idée qui m'effrayait. Bien que je n'avais aucun ami à Ottawa, j'étais habituée à la ville, je connaissais les moindres recoins, les grands parcs, tout ce qui bordait l'appartement que nous occupions là-bas, c'était mon chez moi. C'était d'ailleurs là que mes parents avaient péri. Laissant les enfants que nous étions encore orphelins. Je connaissais cette tristesse puisque je l'éprouvais. J'aurais voulu qu'il en soit autrement, que je ne ressente aucune nostalgie vis-à-vis de ce lieu qui ne m'avait apporté rien de bon au final. Je n'y avais connu que de la tristesse. Il me parla de quelques villes dans lesquelles il avait habité et l'envie naquit en moi. Ce devait être génial de pouvoir dire que l'on avait visité plusieurs endroits. J'aurais aimé voyager, visiter des endroits reculés, aller voir le monde, découvrir avec mes yeux ce que j'avais vu dans les livres. Cela m'était toutefois interdit, mon frère préconisant d'abord la fin de mes études avant de me laisser me perdre aux quatre coins du monde. David n'avait jamais voyagé, préférant se concentrer sur sa carrière. Il était un bourreau de travail et ses causes ne lui permettaient pas de prendre souvent des vacances. Il s'octroyait parfois quelques jours, mais pour rester le meilleur comme il se plaisait parfois à le dire, il fallait travailler fort et ne jamais lâcher prise. Même lorsqu'une cause lui semblait perdue d'avance, il n'abandonnait jamais. Je n'aurais pu continuer de vivre en Ontario loin de mon frère, puisqu'il était ma seule famille, le seul en qui j'avais entièrement confiance. Je bus à nouveau une gorgée de chocolat chaud et faillis bien m'étouffer à la question que me posa Jefferson. S'il était le premier à m'aborder avec des compliments? En voilà une question! Qu'étais-je sensée répondre? Après tout, je ne pouvais qu'opter pour la vérité. Le rouge me monta rapidement aux joues et le malaise se fit grandissant et insistant. Je préférai reporter mon attention sur la table qui nous séparait plutôt que de le regarder. Dire la vérité, c'était avouer que jamais personne ne m'avait porté attention. Que j'avais été invisible aux yeux de la plupart des gens qui m'avaient côtoyés. Mais c'était la vérité et je n'allais pas me défiler cette fois-ci, quoique j'aurais bien aimé pouvoir le faire. Je me tortillai légèrement sur ma chaise, essayant de trouver une nouvelle position pour m'y asseoir de façon plus confortable. Jouant d'une main avec la cuillère, je pris une profonde inspiration avant de répondre. "Oui... c'est la première fois que ça m'arrive." J'avais prononcé les mots un peu plus rapidement que je ne l'aurais voulu. Il me prendrait sans doute pour une fille stupide. Pourtant, j'étais loin d'être stupide. Juste associale. Je n'aimais pas me mêler aux autres, c'était plus facile pour moi. Je préférai demeurer dans le néant, avoir l'air invisible aux yeux des autres plutôt que de les laisser m'atteindre. Du moins, c'était la conception que je me faisais de l'amitié. Je pouvais me tromper, n'ayant jamais eu d'ami, mais j'étais sûre par contre du bien fondé de ma démarche : tenir les autres à l'écart pour ne pas les faire souffrir avec moi. C'était comme ça. Je m'étais jurée de ne parler à personne de la tristesse qui me tenait sous son aile et je désirais qu'il en demeure ainsi. Personne n'avait à souffrir avec moi. Je levai de nouveau les yeux en direction de Jefferson. Vingt-quatre ans! Les traits de son visage étaient pourtant ravissants. Son allure décontractée me plaisait aussi. Je me giflai à nouveau intérieurement pour éviter de le détailler plus que nécessaire. Après tout, c'était la faute de David! C'était lui qui m'avait envoyé, pratiquement poussé, vers ce jeune homme. Je ris intérieurement de ce que je venais de penser. Non, David m'avait juste envoyé faire une commission pour lui, il n'avait sans doute pas penser que je serais en train de bavarder avec le jeune procureur. Je me demandais si l'idée lui aurait déplu ou si au contraire, il m'aurait encouragé à le faire. Connaissant la volonté de mon frère pour que je me montre plus sociable, je n'eus plus aucun doute, il m'aurait encouragé à poursuivre. Mais poursuivre comment? Le sujet qu'il venait d'aborder était légèrement gênant, du moins pour moi et si on continuait sur ce terrain, on en viendrait à des questions plus personnelles. Peut-être le déduirait-il tout simplement avec les réponses que je lui fournirais? C'était possible aussi. Je préférai ne pas y penser. Si bien qu'à nouveau, j'entraînai la conversation sur un autre terrain. "Tu as grandi à Liverpool? Ça devait être génial comme ville! Du moins, d'après les photos que j'en ai vu. Et comment c'était, ta vie là-bas? C'était différent d'ici?" Oui, cela devait être différent. J'avais pourtant du mal à m'imaginer un Jefferson plus jeune. Celui que j'avais devant moi était un homme, un fort bel homme d'ailleurs, si bien que je n'arrivais pas à le voir avec d'autres traits que ceux qu'il possédait maintenant. J'essayai ainsi de détourner la conversation de moi. Les autres étaient toujours plus intéressants que moi, ça, c'était quelque chose qui était clair dans ma tête. |
| | | Jefferson Ness
Innocente et fragile proie
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| Sujet: Re: Obligation - PV Jefferson Dim 5 Avr - 23:22 | |
| L'Angleterre, mon pays. Liverpool, ma ville. Si mon âme et ma présence appartenait à la petite ville du Yukon. Si mon esprit ne voulait partir et laisser derrière moi cet endroit si particulier que que Watson Lake. Si je ne voulais pas quitter ce que j'avais accomplis ici. Et bien malgré tous ses « si » mon coeur était resté en Angleterre. Mon coeur appartenait à Liverpool. Cette ville avait été la ville de mon enfance, j'y avais grandis, mes premières tristesses, mes premières joies, mes amis, ma famille. On pouvait d'une certaine façon dire que j'avais tout laissé là-bas, parce que j'avais été ce que l'on pourrait appeler un gamin très peu intéressant. Enfin un gamin comme tous les autres en vérité, avec ses problèmes, ses joies, ses coups de coeur, ses coups de gueule. En réalité, même en regardant maintenant avec un certain retrait, il était presque impossible de dire que j'avais eu une vie parfaitement intéressante jusqu'à maintenant. Je n'avais jamais déménagé pour le plaisir de voir quelque chose d'autre, je n'avais jamais déménagé simplement par envie, ce n'avait été que par obligation. Presque que par obligation. Après tout j'avais refusé une proposition dans un cabinet d'avocat, certes concurrent à celui de mon père, mais en Amérique, tout proche de Miami.
Ce qui avait motivé ma décision de rester au Yukon était le Yukon lui-même ainsi que ses habitants dont on ne pouvait penser que du bien. Accueil chaleureux, sourire sur les lèvres même quand les temps sont dures. Puis Miami était un symbole de la décadence alors aller dans cette ville côtière me paraissait un peu risqué. Des personnes au sang chaud, des filles plus belles les unes que les autres qu'on aime mais sans lendemain, de l'alcool à profusion et presque en perfusion, de la drogue à ne plus savoir sous quelle forme la prendre. Des travers que j'avais connu par le passé, l'argent m'y ayant énormément aidé. Bien sûr que je reconnaissais qu'il y avait du bien à avoir des parents richissimes avec de l'argent à dépenser par les fenêtres sans compter. Cependant je doutais que mon corps ne soit d'accord avec cette pensée. Le pauvre subissait des tests de résistance à la bière de façon plus que quotidienne. Les week-end s'étaient les drogues, pas de façon régulière, mais de façon ponctuelle, surement d'ailleurs fut-ce une chance pour moi. Qui sait si je serais là si je n'avais pas su m'arrêter à temps. Enfin être contraint de m'arrêter pour visiter finalement un internat pendant une année. Puis il y eu les études en Amérique sous le signe d'un sérieux tout nouveau. Enfin il y avait le Yukon et ce qu'il impliquait pour moi, ma réussite professionnelle.
Réussite professionnelle faute de mieux. Il fallait avouer que j'avais déjà vingt-quatre ans et que je n'allais pas tarder à entamer ma vingt-cinquième année. J'avais plutôt bien réussi ma vie jusque là, bien sûr des travers comme dans la vie de tout un chacun. Cependant, j'avais finalement réussi à briller, certes tardivement, dans mes études. Je brillais plutôt dans ma carrière professionnelle. Il fallait l'avouer, j'avais été un hooligan tout particulièrement doué. J'avais mis de l'ambiance dans le pensionnat pourtant particulièrement strict plus qu'il n'en fallait et mieux qu'on ne pouvait l'imaginer. Cependant, il y avait un tableau qui restait un tableau noir. Il y avait quelque taches blanches sur ce tableau. Le tableau des relations amoureuses avec une personne restait vide. Je n'avais jamais eu de petite amie à vraiment parler. Des histoires sans lendemain, quelques unes, un certain nombre, mais pas si important au final. Considérant que j'avais vingt-quatre ans, un nombre insignifiant. Je sentis mes yeux s'ouvrirent grands alors que la demoiselle me disait ne jamais avoir eu de compliments d'un jeune homme:
- Je savais que les hommes pouvaient être des crétins ignares et aveugles, mais à ce point.
Beaucoup d'humeur dans cette phrase, pourtant je n'en pensais pas moins. Comment les hommes pouvaient-ils être crétins assez pour préférer une demoiselle qui n'avait pour elle que son physique à une demoiselle beaucoup plus agréable et sachant discuter. J'appréciais vraiment cette demoiselle bien qu'ayant peu discuté pour le moment avec la jeune femme. D'autant que celle-ci semblait ne pas vraiment vouloir s'ouvrir aux autres, elle renvoyait toujours la discution à moi. Ou comme elle l'avait fais plus tôt, répondait au travers une autre personne. Ainsi elle expliquait sa présence ici par la promotion de son frère. Dans le fond c'était vrai, mais cela donnait l'impression que son frère était tellement mieux que elle. Pourtant cette jeune femme était très sympathique, très agréable, d'une discution intéressante quoi que se montrant gênée devant quelque compliments. En prime de cela, elle était plutôt mignonne. La jeune femme me posa des questions portant sur ce moment où j'étais sur Liverpool, et sur la ville en elle-même. Je lui répondais avec le sourire:
- J'ai grandi à Liverpool, c'était vraiment une ville géniale. Je ne l'ai jamais oublié, c'est une ville tellement unique. Elle n'est pas parfaite, ni ses habitants, mais il y fait bon vivre. Et puis contrairement à ce qu'on entends souvent sur la météo anglaise, c'est faux. Il y a aussi du soleil en Angleterre et le brouillard n'est pas une vérité absolue. C'est là-bas que j'ai grandis, dans une famille riche, peut-être même trop riche. Alors disons que j'ai eu tendance à parfois exagérer, mais je ne me plains pas de ma nouvelle vie ici. Je réussis professionnellement, je profite plutôt de mes temps libres, ne me manque qu'une personne avec qui profiter. Et toi, si tu me parlais un peu de toi avant de venir ici? | |
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