Commencement - PV William-

Je n'avais pas bien dormi. Angoissée, je suivais attentivement le chemin que m'avait donné David en quittant la maison. Je n'avais pas envie d'arriver en retard et encore moins de me perdre. Il faut dire que Watson Lake n'était pas très grande comme ville, mais tout de même, je ne devais pas prendre de chance. Je voulais être sûre d'arriver à temps à mes cours. En plus, je ne savais pas combien de temps durait le trajet du lycée à la maison et vice versa. Je tenais mon volant nerveusement entre mes mains. Ou était donc passé mon dimanche? Il avait passé trop vite, malheureusement. J'aurais préféré avoir un peu plus de temps pour me préparer, mais je n'en avais plus à ma disposition. J'avais essayé de jouer la malade devant David ce matin, mais mon grand frère ne s'était pas laissé berné. À croire qu'il connaissait tous mes trucs maintenant! Dommage, je devrais en inventer d'autres! La pluie continuait de s'abattre rageusement sur ma voiture. Hélas, je n'avais pas eu la chance de voir le soleil depuis que j'avais mis les pieds ici.

Ce qui me perturbait en ce moment n'était pas la température, mais les cauchemars à répétition que je faisais. Pourtant, je ne pouvais pas entrer le dernier dans cette catégorie. J'avais rêvé de Lestat le vampire et de William... William dans mon rêve était Lestat. En fait, non, il n'était pas Lestat, disons que c'était compliqué pour moi de penser ce matin. J'avais le cerveau en compote de pommes. Décidémment, il faudrait que je dorme un peu plus. Ce n'était pas facile. La nuit, il était difficile pour moi de m'endormir. J'aurais aimé pouvoir rêvé à des petites fées, des garçons que je trouvais mignon, mais les horreurs de mon passé ne me laissaient pas un moment de répit lorsque je m'endormais dans les bras de Morphée. J'aurais bien voulu avoir un seul instant de paix, mais cette paix, je l'avais en plein jour, puisque je n'avais pas une seule minute à moi pour penser à mon passé. Et c'était mieux ainsi. Garder les horreurs enfermées dans la boîte de Pandore.

Je me garai sur le stationnement du lycée. Quelques voitures étaient déjà stationnées, mais je n'y portai pas attention. J'étais peu désireuse de me faire remarquer à ma sortie de voiture. Discrètement, je me glissai hors de ma voiture pour me rendre au secrétariat. Je devais y prendre mon emploi du temps ainsi qu'un formulaire. Du moins, c'était ce que mon frère m'avait dit. Je longeai le mur, suivant les indications extérieures pour me rendre jusqu'au secrétariat. Je n'eus pas de mal à le trouver puisqu'il était situé pratiquemment au même endroit que dans le dernier lycée que j'avais fréquenté. La secrétaire paraissait m'attendre. Ou peut-être rêvassait-elle tout simplement? Je n'aurais su le dire. En fait, je n'avais pas envie de le savoir. Je la tirai de sa rêverie et elle me gratifia d'un sourire amical me demandant ce qu'elle pouvait faire pour moi.

"Nyamh Hansen. Je viens chercher mon emploi du temps."

L'air béat qui s'afficha sur le visage de la secrétaire me laissa deviner que David avait dû un peu trop parler. Évidemment, ce n'était pas facile pour lui non plus, il avait dû se charger de mon inscription à l'école. On avait dû lui poser des questions. Peut-être aussi devais-je blâmer la secrétaire de mon frère à son bureau d'Ottawa. Cette dernière était incroyablement bavarde et entre secrétaires, elles devaient se raconter leurs histoires de bonnes femmes. Bref, je n'en tins pas compte. Je n'avais pas envie de lui laisser me gâcher le moral. Je souris lorsqu'elle me remit mon emploi du temps, la remercia et sortis de son bureau. Une fois à l'abri de ses regards insistants, je détaillai mon emploi du temps. Je remarquai le nom des cours, les locaux, elle m'avait aussi fourni un plan. Génial! Je serais encore plus facile à repérer. D'ailleurs, je remarquai un petit groupe d'élèves attrouppés non loin de l'endroit ou je me trouvais. Je pouvais sentir leurs regards sur moi, me détaillant comme si j'avais été une bête curieuse. Ce que je pouvais détester ça!

J'entendis d'ailleurs une partie de leur conversation, ce qui m'agaça au plus haut point.

" - Ouais, c'est la nouvelle. Hansen, je crois.
- T'as vu comment elle est habillée?
- Faut pas faire attention. La pauvre, elle a perdu ses parents dans un tragique accident de voiture.
- Ah ouais? Il paraît que c'est son frère qui prend soin d'elle.
- Oui, j'ai rencontré l'avocat Hansen en ville, un homme tout à fait charmant.
- Tu crois vraiment que c'est sa soeur?
- Bien sûr! Une triste histoire, vraiment. Ils ont été élevés par une famille d'accueil.
- Tu crois qu'elle est normale? Elle n'a pas eu ses parents. "

J'arrêtai à cet instant d'écouter leur conversation. Mes poings se serrèrrent sur mon emploi du temps et je passai devant elle sans même les regarder. Je fulminai. Je n'avais plus envie de rester ici et j'avais bien envie d'aller ailleurs. Finalement, rien ne changerait. Tout resterait pareil comme c'était à Ottawa. On me verrait toujours comme la fille différente parce que j'avais grandi dans une famille d'accueil. Même ici, les gens semblaient déjà être courant de ma vie privée! Il faudrait que j'en touche deux mots à David. Je ne supporterais pas d'être traité comme la bête de foire. Si elle cherchait les emmerdes, elle les trouverait. Je m'arrêtai net dans le couloir et fit volte-face pour me retrouver devant les filles qui jacassaient. Elle me prendrait probablement pour une folle, mais je m'en fichais. Je voulus parler, leur cracher au visage tout ce que j'avais sur le coeur, mais en dépit de mes efforts pour le faire, rien ne sortit de ma bouche. J'avais pourtant préparé un paquet d'insultes. Un éclat de rire me cogna contre les tympans, si bien que je décidai à nouveau de tourner les talons, rouge comme une tomate.

Je rangeai rageusement mon emploi du temps dans mon sac à bandouillère et m'étais résignée à retourner au stationnement. Il n'était pas question que je reste ici un instant de plus! Je n'allais pas s'ouvrir de l'isolement dont j'avais été la victime à Ottawa. Du moins, à Ottawa, les gens se moquaient de moi, mais ils le faisaient dans mon dos. Là, ces filles venaient de le faire pour être sûres que je les entendrais. Arrivée près de ma voiture, je cherchai les clés dans mon sac et une fois que je les eus trouvé, je tentai d'ouvrir la porte de ma voiture. Mes mains tremblaient tellement que j'avais du mal à les enfoncer correctement dans la serrure. Je finis par les jeter sur le sol et appuyai ma tête contre le toit de ma Civic. Ça allait de plus en plus mal. Comment allais-je faire pour être heureuse ici si déjà à ma première journée d'école, j'étais mise de côté? Je fermai les yeux, tentant de chasser de ma tête les filles qui ricanaient et mon air béat devant mon incapacité à leur cracher la moindre insulte.

Fichue journée! Je n'avais qu'une envie : rentrer chez moi! Oublier tout ce qui venait de se passer. David serait en colère, tant pis! Je n'avais pas envie de passer une minute de plus dans ce lycée! Pas envie non plus de passer pour la débile de service! Si à Ottawa je n'en avais pas fait de cas, ici, c'était bien différent. Je venais à peine d'arriver que mon histoire était déballée. J'en voulais à la personne qui avait révélé cette partie de mon histoire. C'était ma vie! Personne n'avait le droit d'en parler de cette façon! Je rageais intérieurement, pestant contre les filles que je n'avais pas pu faire taire. Si seulement j'avais su trouver les mots exacts pour le clouer le bec à toutes! Ça commençait bien mal. Je me penchais pour récupérer mes clés, prenant une profonde inspiration. Je sursautai lorsque j'entendis une voix derrière moi. Ce n'était pas une voix familière. Me retournant, je vis William avec un autre garçon. La présentation ne tarda pas à se faire. C'était Aaron. Un des frères de William. Je retins un fou rire à la dernière remarque d'Aaron. Non, les nouveaux ne semblaient plaire à personne ici.

" Bonjour William, Aaron. Ouais... je m'en allai justement..."

J'aurais voulu rentrer sous l'asphalte si cela avait pu être possible! Ramper sous terre, me cacher à la vue du reste du monde! Je remarquai les regards des curieux autour de nous, mais n'y prêtai qu'un bref coup d'oeil. Ce qui retint mon attention fut Aaron. Je savais bien que William et lui n'étaient pas des frères biologiques, mais malgré leurs différences remarquables, des similitudes se remarquaient. La couleur de leur peau, blanche comme la neige, leurs yeux, couleur caramel. Je ne menais pas plus loin mon investigation, ne voulant pas paraître trop curieuse. Après tout, je n'avais pas posé de questions à William, supposant qu'il ne préférait pas en parler. Je savais me montrer discrète et j'attendais que les gens parlent plutôt que de poser des questions. Je me concentrai de nouveau sur ma voiture, j'étais déterminée à partir du lycée. Cependant, je remarquai que Aaron s'était appuyé contre ma voiture. J'ouvris la porte et jetai mon sac sur le siège passager.

" Ouais, le second jour! Si je décide de revenir!"

Je remarquai les petits groupes qui s'étaient amassés dans le stationnement de l'école. Chacun pressait le pas, des retardataires sans doute. Je ne manquai aucun des regards qui étaient jetés en notre direction. Ça ne finirait donc jamais? À l'heure qu'il était, je me doutais bien que ma réputation avait le tour de l'école et mon histoire aussi. Je sentis un noeud me tordre l'estomac. Je voulais rentrer chez moi. Je n'étais pas à ma place ici. J'en avais conscience. Je croisai mes bras sur ma poitrine. Il m'était impossible de faire face à tous ces adolescents qui me regarderaient d'un air bizarre. Je crus entendre un commentaire du genre : Tiens! La nouvelle traîne avec des gens qui sont pareils comme elle! Mais je n'en étais pas sûre. Je me contentai de jeter un regard noir en direction de la personne concernée qui se contenta d'un sourire sarcastique avant de poursuivre son chemin. Je ne pourrais en supporter davantage, je le savais!

"J'crois que je vais y aller. J'ai pas envie de rester une minute de plus ici!"

Me retournant, je m'installai au volant de ma voiture. Cependant, Aaron ne semblait pas déterminé à bouger. Ma tête s'appuya contre le volant une vague de découragement me submergea. Allais-je connaître un jour une journée normale sans qu'on me ramène toujours en pleine face mon passé? C'était impossible. Je venais de m'en apercevoir. Je retenais mes larmes, il n'était pas question de laisser ma faiblesse se voir ici.

"William... j'y arriverai pas... j'crois que je suis mieux de rentrer chez moi..."

Je n'arriverais pas à supporter ces regards et ces commentaires toute la journée. Je m'étais préparée à tout, sauf à ça. Je m'attendais à me faire regarder, à être épiée, mais je ne m'attendais pas à ce que mon histoire soit connue de certains élèves. Ça me laissait complètement sous le choc, puisque je n'avais pas prévu cette éventualité. La cloche avait retentit depuis un moment, il ne restait que nous dans le stationnement. J'étais déprimée, je n'avais pas envie de faire face aux autres élèves, préférant me terrer dans un coin. Je jetai un regard à William, ne sachant pas s'il saisirait toute l'ampleur de ma détresse.

Je pouvais toujours suivre des cours à distance, non? C'était possible et j'en avais entendu parler. Je n'aurais pas à socialiser avec les autres, je pourrais tout faire de chez moi et j'obtiendrais mon diplôme en même temps que tout le monde. Et peut-être même avant si je me montrais disciplinée. J'entendais déjà David râler, me dire que je devais aller au lycée. On voit bien que ce n'était pas lui qui devait faire face à cette situation! De nous deux, c'était David qui avait le plus d'assurance. Il avait cette aura charismatique autour de lui. Les portes semblaient toutes grandes ouvertes devant lui. Pourquoi je n'arrivais pas à faire la même chose? Nous étions de la même famille pourtant! Un sentiment apaisant m'envahit. Je levai la tête à nouveau en direction de William. Pourquoi j'avais toujours cette sensation lorsqu'il était prêt de moi? Je repensais à mon affreuse nuit et j'aurais souhaité qu'il soit là, juste pour que je puisse sentir ce même apaisement qui se répandait en moi.

Pas si pire? Pfffffff. Ouais, c'était faible ça. J'allais répliqué lorsque j'entendis Aaron parler d'un certain Lagaffe. Intriguée, je suivis son regard et le vit s'arrêter sur un jeune homme qui venait tout juste de descendre de sa voiture. Je vis ses livres se répandre sur le sol et le pauvre se mit à les ramasser. Je vis d'ailleurs les têtes se tourner en sa direction. Certains ricanèrent, d'autres allèrent l'aider. La situation était assez loufoque, surtout après l'avoir vu marcher sur son lacet et s'écraser sur le sol. Ça avait vraiment dû faire mal. Je me mordis légèrement la lèvre inférieure sous le choc de l'impact. Ça n'avait vraiment pas dû faire du bien. Mais pour le moment, plus personne ne semblait s'occuper de nous, les retardataires quittant les lieux, d'autres aidant l'élève à ramasser ses livres répandus çà et là sur le sol. Ce qui me ramena à William. Je devrais lui demander ce qu'il entendait par pas intentionnellement. Je suivis la conversation entre William et son frère. Il allait en histoire? Quelle drôle de coincidence! Ma journée commençait aussi avec histoire! Je vis Aaron nous quitter et mon regard se posa à nouveau sur William. Il me présenta les livres dont il m'avait parlé. Je le remerciai d'un sourire. J'allais répliquer lorsqu'il se saisit de mon sac et y mit les livres. Avant même que je ne puisse dire un seul mot, il avait déjà mon sac dans les mains. Je crois bien que je n'avais pas le choix : je devrais me rendre en cours aujourd'hui. Et sa dernière phrase ne laissait pas place à la discussion. Je me demandais s'il m'aurait traîné de force en classe. En fait, je n'avais pas envie de le savoir.

Alors que je marchais à ses côtés, traînant légèrement, les mains dans les poches de mon jeans, je repensais à mon curieux rêve. Lestat et William les vampires! Devais-je lui en parler tout de suite? Nous étions seuls. Quoique, c'était complètement stupide. Mais bon, ça me ferait penser à autre chose. Et puis, il y avait aussi ce curieux roman, cette version ancienne de Lestat le vampire. J'avais questionné Cassandre et David, aucun d'eux n'avaient vu ce roman avant que je leur montre. Ce n'était donc pas eux. Ne restait plus qu'une option : William. Il avait dû le glisser dans mon sac sans que je m'en aperçoive. C'était la seule explication logique que je trouvai. Mais s'il avait fait ça, je l'aurais sans doute remarqué lorsque j'avais déballé mes livres. Pourtant, je ne l'avais pas vu. Et personne n'était venu déposer de cadeau pour moi, je m'étais renseigné auprès de mon frère et de ma belle-soeur. Si bien que je levai les yeux en direction de mon ami.

"William, tu sais ce que j'ai trouvé dans ma chambre samedi? Un vieil exemplaire de Lestat le vampire! J'ai l'impression qu'il a attérit comme par magie dans ma chambre. Je ne me rappelle pas l'avoir déjà vu avant."

Mon questionnement demeurait évasif. Je ne voulais pas lui faire part tout de suite de ce que je pensais. J'aimais mieux le laisser parler sur le sujet. Après tout, c'était peut-être un tour que mon imagination me jouait. Si c'était bien William qui m'avait offert cet exemplaire, comment avait-il fait pour le déposer dans ma chambre?

"D'ailleurs, j'ai fait un drôle de rêve. Jamais plus je ne vais lire Lestat le vampire avant de m'endormir!"

Je lançai un sourire à William. Je n'avais pas envie de revivre le cauchemar de samedi si bien que j'avais proscrit toute lecture de ce genre avant de m'endormir. Je lirais des romans banals, sans aucun truc qui risquerait de m'effrayer ou de me faire cauchemarder. Je n'avais pas envie que David m'envoie voir un psy! Déjà qu'on me voyait ici comme le truc bizarre, si on apprennait en plus que je voyais un psy, ma réputation serait à jamais entachée. On dirait que j'étais complètement cinglée, que grandir sans mes parents m'avait rendu folle... bref, j'entendais déjà d'ici les racontars les plus loufoques qu'on inventerait sur moi. Et je n'avais pas envie d'être le centre d'intérêt des conversations pour les prochaines années à venir. J'avais déjà donné dans ce domaine. Je marchai d'un pas nonchalant aux côtés de William. Je me demandais quelle chance j'avais de me rendre à ma voiture avant qu'il ne me rattrappe. Il pratiquait le baseball, ça impliquait donc qu'il savait courir vite. J'étais mieux de ne pas prendre de chance et de ne pas tenter d'échapper à William. Il semblait déterminé à m'accompagner en classe. De toute façon, je n'avais pas le choix, nous avions le même cours. Et quelque chose me disait qu'il ne me laisserait pas facilement m'échapper. J'étais donc condamnée à subir des sarcasmes toute la journée. Bah, j'avais mon lecteur mp3 dans mon sac, je n'aurais qu'à me brancher dessus pour éviter d'entendre les commentaires déplaisants des autres à mon égard. C'était ce que j'avais fait à Ottawa et ça m'avait permis de bien m'en sortir. Je n'avais qu'à faire la même chose ici!

Je le suivais, évitant du regard ceux qui nous regardaient circuler dans les couloirs. Je n'avais pas envie de voir leurs visages, si bien que je rivais mes yeux au sol. Cet endroit me mettait mal à l'aise, j'aurais bien voulu fuir et sans doute aurais-je dû le faire. William s'arrêta aux toilettes quelques instants. Je remarquai le regard des filles et des garçons. Marianna? Qui était Marianna? Je n'en avais aucune idée et puis, ça ne me regardait pas. Au bout de quelques instants, William ressortit des toilettes, fournissant une réponse au mystérieux roman qui se trouvait chez moi. J'haussai les épaules, sans doute Cassandre qui l'avait laissé là. Elle était capable d'oublier n'importe quoi, alors, pourquoi pas un roman? Je continuais de suivre docilement William, ayant récupérée mon sac d'école. Arrivés devant la porte du cours d'histoire, la prof me salua, me serra la main, geste qui me mit légèrement mal à l'aise. Je suivis l'enseignante jusqu'à son bureau et lui donnai ma feuille de présence à faire signer. Elle m'assigna ensuite une place. Je m'y installai, remarquant la place de William qui était près de la fenêtre. La chance! Tandis que moi, on m'avait placé dans un milieu hostile. J'étais entourée d'élèves de part et d'autre. Je détestais ça.

J'essayai de me concentrer sur le cours. 1702. Génial! Nous allions voir l'histoire de cette date. Je jetai un coup d'oeil à William, ce dernier aussi semblait concentré sur le cours. De mon côté, j'étais distraite. Deux filles qui se situaient à ma droite ne cessaient pas de rire. J'aurais bien aimé que l'enseignante leur dise de se taire, mais elle n'avait pas l'air de s'en apercevoir. Elles ricanaient toutes les deux. J'aurais bien aimé savoir de quoi elles se moquaient. Délaissant l'attention que j'avais alors porté au cours, je me concentrai sur leur conversation.

" Apparamment, elle n'avait aucun ami à son autre école. Elle est étrange. En plus, tu as vu de qui elle était accompagnée? William Jackson. Entre enfants adoptés, ils doivent se comprendre!"

C'en était trop! C'était la goutte qui venait de faire déborder le vase! J'étais d'un naturel très calme et je ne m'emportais que très rarement, mais je crois que c'était avant d'être arrivé ici. Je ne supporterais pas ces allusions à ma famille plus longtemps. Je me crispais, serrant mon crayon plus fortement entre mes doigts. Je n'arrivais plus à me concentrer sur la matière. C'était d'ailleurs impossible pour moi de le faire. Mon cahier de note demeurait vide devant moi. Je rageais à nouveau. Mon regard demeurait rivé sur l'enseignante sans vraiment la voir. Le temps passait très lentement. j'aurais voulu que le cours soit déjà terminé. J'aurais voulu que la journée soit déjà terminée. Et j'aurais voulu qu'elle se taise! J'en avais assez entendu. Je me raidissais sur ma chaise au fur et à mesure que les minutes s'égrènaient. Trop lentement, le temps passait trop lentement. Je ne regardais plus William, je ne voulais pas risquer de croiser son regard si bien que je le gardais planté droit devant moi.

La sonnerie retentit finalement au bout d'un long moment qui m'avait semblé interminable! Je rassemblai mes affaires et les mis dans mon sac. Je n'avais pas envie d'aller à mon prochain cours. Je ne me sentais pas à l'aise ici, j'aurais voulu partir. Quelqu'un m'aborda. Je levai les yeux. Une fille blonde était accrochée à son bras. Et je reconnus de suite la blonde qui m'avait fuir. Le garçon qui était avec elle faisait sans doute deux fois ma grosseur, et me dépassait d'une bonne tête. Ce fut la blonde qui parla. Elle s'approcha de moi, plantant son regard dans le mien.

" Alors Hansen, tu te plais ici? J'aurais bien voulu te dire de faire attention à qui tu fréquentes, mais apparamment, les enfants adoptés se retrouvent toujours entre eux."

Elle sortit de la classe accrochée au bras du grand gars. Je fulminais. Celle-là semblait définitivement m'avoir pris en grippe. Sans même me soucier de William, je pris mes affaires et retraversai le lycée pour me rendre au stationnement. J'allai foutre le camp d'ici. S'il voulait rester lui, tant mieux! Il n'était pas question que je reste ici. Mon corps tremblait des pieds à la tête. Je devais ravaler mes larmes à chaque pas que je faisais. Je longeais les murs pour éviter d'être le centre d'attention. Je voulais être invisible aux yeux des autres. C'était tout ce que je voulais. Arrivée à ma voiture, je m'y adossais pour finalement me laisser glisser sur le sol. Mes genoux se collèrent contre ma poitrine et je déposai ma tête sur mes genoux, entourant mes jambes avec mes bras. Et pour la première fois depuis longtemps, depuis la mort de mes parents en fait, je sentis des larmes rouler sur mes joues. Je devais me calmer avant de retourner chez moi, je ne pouvais pas y retourner dans cet état. Cassandre me poserait sans doute des questions, mais je m'en fichais. Je voulais rentrer chez moi.