Bouquin désastreux sous le soleil couchant... [Mariana Anderson]

Tandis que le soleil se couchait à l'horizon et balayait la plaine de ses rayons rougeoyants encore un peu avant de s'endormir, Suzan tourna la page de son livre. Cependant, elle découvrit à son plus grand dam que les caractères noirs et fins avaient disparus et que des pages complètement blanches s'alignaient devant ses yeux plissés. Suzan mit en cause la force de la lumière du soleil et tourna le dos à l'immense boule de feu pour permettre de finir son histoire. Mais devant elle, pas trace de mots. Pas trace des lettres. Où pouvaient-elles bien être parties ? Les lettres s'étaient envolées, elles étaient parties découvrir de nouveaux horizons, elles en avaient assez de rester enfermées dans les pages jaunies et cornées d'un bête roman de gare. Ah, elles étaient malines, ces idiotes ! Et comment Suzan ferait-elle pour connaître la fin de l'histoire ? Sincèrement bouleversée, la jeune femme revint sur la page précédente pour constater que, ici, les lettres étaient belles et bien restées immobiles, sages, attendant une nouvelle lecture. Comme atteinte de troubles obsessionnels compulsifs, elle vérifia tour à tour les premières et dernières pages en comparant l'éclat du papier, la teinte exacte de l'encre et dut se rendre à une évidence un peu plus réaliste : l'histoire était terminée, tout simplement. Et pourtant, c'était tellement étrange ! Ainsi Jake rejoignait-il sa maison de campagne sans se soucier davantage du bien-être et de la santé de sa belle ? Il la laissait se débrouiller à Londres, seule, avec pour unique compagnie un exécrable perroquet et un chien gâteux ? Le héros de ce roman était un lâche rancunier ? Suzan grogna férocement. Ah non ! Tout de même, ça n'allait pas finir comme ça ? C'était une manière horrible de clôturer une si belle histoire ! Elle jeta son bouquin ouvert dans l'herbe presque jaunie à ses pieds et le livre, en atterrissant, froissa quelques pages du milieu. D'ordinaire, la jeune bibliothécaire avait horreur d'abîmer les livres, ne serait-ce que de corner une misérable page, mais là c'en était trop. Comment peut-on terminer un roman de cette manière ? C'était horrible. Pour se défaire des pensées la hantant sur la façon dont aurait pu se terminer l'histoire, elle se retourna vers le soleil. C'était ses derniers rayons qui perçaient derrière les nuages au loin. Bientôt, il serait parti, et il n'y aurait plus aucune lumière. La jeune demoiselle Ames serait alors obligée de rentrer et de choisir un nouveau roman, histoire d'oublier le précédent. Ou bien, si jamais elle n'en trouvait pas d'autres, peut-être attaquer un nouveau livre. Mais pas le lire, cette fois, l'écrire. Suzan soupira. Ces derniers temps, elle n'avait vraiment pas beaucoup d'imagination et ses livres restaient blancs. S'ils n'y avaient pas de lettres d'encre sur leurs pages neuves, ce n'était pas parce qu'elles s'étaient enfuies. C'était parce qu'elles ne s'y étaient jamais posées. Aujourd'hui, c'était dimanche. Et le dimanche, Suzan ne travaillait pas puisque c'était son unique jour de repos dans la semaine. L'autre bibliothécaire s'occupait alors de tout ce qu'il fallait, mais généralement les visites du dimanche étaient rares. La plupart du temps, les jeunes venant faire des recherches s'installaient toute l'après-midi des mercredis et samedis, et les personnes plus âgées ou adultes se rendaient dans le bâtiment en pleine semaine. Autrement dit, dimanche était le jour le plus reposant de la semaine et que Dieu l'entende... Suzan ferma les yeux, le soleil l'éblouissant de trop, puis il mourut de l'autre côté de la terre. La jeune femme poussa son sac à main contre ses côtes et s'allongea de tout son long dans l'herbe sèche. Se délectant de la fin du jour, elle se détendit, tête contre la terre. Il faudrait attendre le lendemain matin pour voir le soleil renaître à l'horizon. Suzan sentit un petit vent se lever pour commencer à souffler dans la plaine. Il serait bientôt temps de se lever, de réunir ses affaires et de rentrer à l'appartement. Oui, il était sûrement l'heure de manger un morceau, ou peut-être même deux, et d'aller se coucher. La jeune femme songea que le réfrigérateur était vide et qu'il ne restait plus qu'une tranche de jambon, deux yaourts et une bouteille de limonade. Tant pis, ce soir ne sera pas non plus à repas de fête, et les festins sucrés attendront... A moins que, s'il reste de la farine, du beurre, du sucre et de la levure, peut-être pourrait-elle même faire un gâteau au yaourt ? Ce serait déjà meilleur, accompagné de limonade, qu'une tranche de jambon vieille de treize jours... Alors qu'elle pensait à son menu du soir et aux gargouillements qui tordaient son estomac, Suzan ne bougeait plus et comptait bien rester là encore un bon moment. Et pourtant, il faudrait bien qu'elle le prépare en rentrant, ce gâteau, si elle voulait le manger !

Le soleil se couchant au fur et à mesure, qu'est ce que je faisais donc là, ici sur la plaine ou du moins non loin, Moi qui avait déjà manger, ou du moins bu depuis peu de temps pour dire être tranquille pour encore quelques jours. Ainsi je restais dans ma forêt que je connaissais par coeur. En même temps à force d'y chasser le caribou, le cerf ou le chevreuil ou autre animaux tout aussi appétissant, tant que nous n'étions pas encore dans ce grand nombre qui faisait des vampires des êtres sanguinaires sans foi ni loi ? Non, nous étions grandement différent, disons nous étions végétarien. Ce serait mieux que l'autre façon que les vampires avaient tendance à nous appeler. Nous ne renions pas notre nature, nous évitions à devenir des meurtriers à tuer des humains. J'étais différente des Volturis, contre nature ? Tout comme 7 autres personnes que composées ma chère et tendre famille. Loin d'être un clan, et plus qu'une famille. Les liens qui nous unissaient sembler tellement invincible que je n'aurai pu croire qu'un jour l'un d'entre nous puisse partir...

Cependant c'est ce qu'elle avait fait, et je l'avais bien vu, mais je ne pouvais guère m'y opposer, en effet. Lynn était bien assez grande pour choisir sa voie et son destin, elle savait parfaitement ce qu'elle faisait. Cependant nos avenirs restaient plus que tout incertains. Je ne voyais que du sang && rien d'autres, une guerre && de la haine. Les Volturis && une sorte d'alliance entre eux et ma soeur, Solstice. Rien de bien réjouissant, forcément cela me laissait de mauvaise humeur et ne pouvons en parler pas à grand monde. Peter sentait bien que quelque chose n'allait pas forcément le meilleur du monde, essayant d'intercepter mes pensées. J'étais un peu perdue depuis le départ de Lynn, William le sentait très bien, c'est d'ailleurs pour ça que l'on était parti quelques jours tous les deux en amoureux loin de Watson Lake

Je montais donc vers la plaine pour admirer ce coucher du soleil, respirant un peu l'air sans pour autant en avoir besoin, et je sentis donc l'odeur humaine qui s'en dégageait. Résistante depuis un petit moment à cette sensation, mais je restais quand même sur mes gardes. De ma démarche pour le moins gracieuse j'avançais donc vers cette jeune demoiselle qui se trouvait être là au même moment que moi.

« Il n'y a rien de plus beau qu'un coucher de soleil n'est ce pas ? On a l'impression qu'il touche vraiment le sol pour disparaître et laisser place à la pénombre qu'est la nuit noire. »

Suzan, toujours dans ses pensées, rêvait cette fois complètement. Et de choses absolument hors propos. Un gâteau au chocolat fondant, un nouveau livre, un tableau représentant le soleil couchant... Hors propos, j'ai dit ? Hum... Jusqu'au moment où une voix provenant de son dos l'interpella. La jeune femme, retenant un violent hoquet de stupeur, eut la frousse de sa vie, ou presque, et se retourna.

"Vous... Je... Excusez-moi, vous m'avez fait peur ! Vous disiez ?"

Elle réfléchit un petite moment puis se rappela. Le soleil.

"Oui, moi aussi j'aime le soleil qui se couche. C'est se dire que la journée a une fin et que demain vient plus vite qu'on ne l'attend. C'est beau, mais c'est triste. Vous ne trouvez pas ? La nuit noire me fait peur, je n'aime pas vraiment l'obscurité. Un peu comme les papillons de nuit, je suis attirée par la lumière, le bruit, la foule... Vous voyez ?"

C'était drôle de parler de ça avec une inconnue. D'ailleurs, Suzan se demanda si elle ne l'avait pas déjà vue quelque part... Puis elle abandonna ses recherches. Après tout, dans une si petite bourgade, ce ne serait pas étonnant de voir deux fois une même personne ! Naturellement, eut-elle envie de penser, il y a bien des gens qui vivent par ici et que croiser n'est pas anormal ! Suzan sourit à la jeune femme qui lui faisait face, ou qui plutôt, la surplombait de sa hauteur. Car la jeune bibliothécaire était assise sur l'herbe tandis que l'inconnue se dressait droitement sur ses deux jambes. Suzan, honteuse, rougit de son impolitesse et se leva prestement. Du moins, prestement pour l'humaine qu'elle était. Elle épousseta vite fait bien fait les replis de sa robe et tendit une main accueillante à la visiteuse des environs.

"Excusez-moi, je ne me suis pas présentée. Décidément ce soir, je suis plutôt fatiguée !"

Elle rit nerveusement et elle donnait davantage l'impression d'une jeune fille surexcitée et gaffeuse qu'une femme fatiguée. Bref, ne nous attardons pas sur les détails.

"Suzan Ames. Je suis la bibliothécaire de Watson Lake. Et, hum... vous êtes ?"

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